ON PEUT ATTENDRE LE TROISIÈME, MAIS...

Un an après son premier album qui a connu un succès considérable, Yuna Ito revient avec le second. Sony choisit d'utiliser exactement la même stratégie commerciale. Cependant, les choses ont quand même changé puisque "HEART" avait à son actif deux gros tubes, alors que WISH ne peut pas en dire autant puisque la plupart des singles n'ont pas eu le succès espéré. Et finalement, après le duo avec Céline Dion qui n'a pas vraiment fait d'étincelles, Sony s'est contenté de balancer WISH en vente, de fermer les yeux et de prier... Et évidemment, Yuna s'est pris une claque puisque de 224 000 exemplaires vendus en première semaine l'année d'avant, elle est passé à 49 000! Certes, "WISH" n'est pas un flop puisqu'être numéro 3, c'est loin d'être catastrophique, et qu'il y a de nombreux artistes qui aimeraient bien en faire autant. Mais au niveau où Yuna s'était placée, ça l'est quand même en partie puisqu'elle vient de tomber de haut. Pourtant, "WISH" se révèle meilleur que le décevant "HEART"... enfin pas trop quand même...

***un petit mot rapide sur le design : à croire que Yuna n’aime toujours pas les couleurs. Après le noir et blanc, elle passe au noir tout court. Ce n’est pas que les clichés soient laids, c’est qu’ils sont très ternes et sombres. Finalement, on ne voit même pas le rapport avec l’aspect sonore de la galette. Et le travail effectué sur le visuel des singles précédents étaient nettement supérieur, si l’on fait abstraction du duo avec Céline Dion bien sûr.***

Même s'il est d'emblée meilleur que le premier album de Yuna, WISH réserve son lot de mauvaises chansons. Ce qu'il a de plus par rapport à HEART, c'est simplement que les inédits sont "moins pires", et même parfois réussis. Mais commençons d'abord par parler des singles ! Sur HEART, nous avions cinq singles de très bon niveau. Et bien, sur WISH, nous avons droit à quatre singles tout à fait corrects. Certes, ils ne sont pas tous au niveau des singles de HEART, mais ils ne sont pas mauvais pour autant. Une seule ballade se glisse dans le lot : le duo avec Céline Dion, anata ga iru kagiri. Mais c'est à mes yeux la piste la plus faible parmi les singles.
Pourquoi ? Parce que c'est une ballade on ne peut plus prévisible et convenue, dont les refrains ne décollent pas vraiment, car les chanteuses s'envolent trop : c'est assez casse-tête et criard, et c'est bien dommage étant donné que les deux chanteuses sont capables de bien mieux. On a aussi une chanson complètement synthétisée, commerciale et niaise : Urban Mermaid. Néanmoins, elle n'est pas indigeste, et ses airs enjoués suffisent à la faire passer, surtout que la voix de Yuna est tout à fait charmante. Ce n'est pas le morceau du siècle, mais ça reste très sympa tant que ça ne devient pas une habitude. Suit la très agréable Mahaloha, un mid-tempo hawaïen ensoleillé où les voix de Yuna et du chanteur Micro s'harmonisent très bien. C'est calme, sobre et joli : on n'en demandait pas tant ! Enfin, le dernier single du lot est excellent (sûrement la meilleure A-Side de Yuna à ce jour) ; I'm Here est une piste ultra dynamique où la voix de Yuna est au sommet de sa force et de sa puissance. L'ambiance est froide et agressive. Les violons donnent de grands airs à cet up-tempo tendant sur le R&B. Bref, c'est la grande classe. Et Yuna prouve qu'elle a largement de quoi se défendre dans les morceaux dynamiques pour de bon.

On ne retrouve que deux autres chansons connues des fans : MY HEART WILL GO ON, une reprise de Céline Dion qui avait déjà figuré sur une compilation quelques mois plus tôt. La reprise de Yuna est tout à fait correcte. Mais ils n'ont évidemment pas pu s'empêcher de transformer la musique en sorte de soupe synthétique,
plus mièvre que touchante. Et puis, Yuna n'étant pas Céline, la puissance vocale n'est pas la même. Mais le résultat reste quand même honorable, parce que la voix de Yuna est quand même loin d'être laide. L'autre chanson connue des fans est bien moins sympathique : il s'agit de l'abominable Colorful, la B-side du single Urban Mermaid. Si certains détestaient Urban Mermaid pour ses airs mièvres et préfabriqués, que disent-ils de Colorful ?! S'il y a bien une chanson que Yuna n'aurait jamais dû enregistrée, c'est celle-ci. Elle empeste le commercial, la niaiserie, le synthétique, le dégoulinant, le ridicule, bref : le rose bonbon poussé à son extrème ! Et cette fois ci, sa jolie voix ne lui sauvera pas du tout la mise, car une horreur reste une horreur. C'est à se demander si elle a fait écouter cette catastrophe à sa famille et ses amis, ou si elle a discrètement zappé la piste comme si de rien n'était...

Le reste, c'est-à-dire 8 pistes, n'est que nouveauté. Mais la qualité est assez irrégulière. Oui, on retrouve ces chansons que Yuna aurait mieux fait de laisser aux oubliettes. Comme sur HEART, elle s'est donc sentie obligée d'enregistrer des morceaux à la musique synthétique complètement dépassée.
Et comme sur HEART, le résultat n'a rien d'un vibrant hommage aux années 90, non, le résultat est juste ringard. Ainsi, on peut déjà tirer un trait sur HEARTBEAT (qui en plus d'avoir l'air complètement démodé, a aussi l'air d'être un rejet de HEART) : la musique synthétique commerciale est agrémentée de quelques sons plus électroniques sympathiques. Dommage que l'élecronique n'ait pas pris le dessus ! Mais électronique ou pas, il n'en reste pas moins que les refrains répétitifs n'ont de toute manière aucun charisme. L'autre petite horreur se trouve être Moon Rabbit, une chanson presque aussi bizarre que son titre. Elle n'est pas bizarre dans le sens où elle est expérimentale et qu'elle prend des risques (enfin si, elle prend d'emblée le risque d'être détestée, mais bon...). C'est juste que le résultat n'est qu'un brouhaha, dont les sonorités latines ne relèvent pas d'un poil le niveau. Et puis, la mélodie est aussi plate que celle de HEARTBEAT... Enfin, Yuna nous a aussi réservé un ratage sur une ballade inédite. On ne pourra pas dire que ce sera sur les ballades qu'elle aura laissé la meilleure impression pour cet album. Ainsi Unite As One, une looooooooooooongue ballade bien lente, a pour but d'émouvoir l'auditeur. Mais elle ne pourra même pas se vanter d'avoir provoqué un seul frisson. La musique ne change pas par rapport à d'habitude (elle est juste un peu plus commerciale et synthétique), et le principe est toujours le même, avec la même structure, la même façon de chanter, mais certainement pas le même charisme que sur les singles. Les refrains plus intenses ne le sont en fait pas vraiment, car ils ne ressortent pas du tout par rapport aux couplets. Et si Yuna chante avec tout son coeur, ça ne change pas grand chose : c'est plat. On a l'impression d'avoir une piste qui essaie vainement de jouer dans la cour des grandes ballades, et qui se plante encore plus que si elle était restée à sa place. Sans mentionner que les bonnes choses sont de courte durée, et que si on fait durer une ballade plus de 6 minutes 30, il vaut mieux s'assurer qu'elle en vaut la peine...

Les autres nouvelles chansons sont heureusement un peu meilleures. Celles qui ne survivront pas à l'époque WISH auront au moins le mérite de s'être facilement laissées écouter. On trouve ainsi la positive Power of Love, dont la mélodie enjouée est assez efficace, même si sur le long terme, elle perd de son éclat. Dans le même genre, on a Tokyo Days, une sorte d'Urban Mermaid (plus ou moins) amélioré : en effet, la musique synthétique est un peu plus travaillée, et puis les airs gospels sont les bienvenus pour rajouter une dose d'optimisme à la mélodie déjà bien entraînante à la base. Mais comme sur Urban Mermaid, les refrains ont du mal à s'harmoniser avec les couplets (et les ponts ici).
J'ai d'ailleurs envie de dire que les ponts sont meilleurs que les refrains, et que les refrains sont moins bons que ceux d'Urban Mermaid puisqu'on est dans la comparaison entre les deux pistes. C'est donc agréable sur le moment, mais ça ne marquera pas les mémoires bien longtemps.
Les inédites qui sont vraiment réussies sont donc au nombre de trois. Il s'agit déjà d'alone again, une ballade différente des autres ballades de Yuna : pas de piano, ni de batterie ou de guitare électrique à la ENDLESS STORY ; non, on a une guitare pincée, et un rythme discret tendant très légèrement vers le R&B. Des violons synhétiques viendront s'ajouter en cours de route. Mais la force de la chanson réside en sa mélodie triste et touchante, et la voix de Yuna vient sublimer le tout. Le résultat est doux, mais il n'en est pas moins fort. C'est donc la première grande réussite de l'album. On a ensuite A Long Walk, un mid-tempo totalement différent des autres chansons que Yuna nous a déjà chantées. Ce morceau a vraiment divisé les fans, mais pour ma part, il s'agit de la chanson la plus intéressante de l'album, malgré son côté un peu expérimental. L'instrumentation est un mélange de percussions, de guitare latine avec des sons synthétiques-électroniques. L'ambiance est mystérieuse et un peu planante. Yuna chante aussi sur des tons plus graves et plus traînants. Ce qui ne fait que renforcer l'atmosphère de la piste. La conclusion de la chanson est une véritable apogée juste avant de finir sur des notes semblables aux notes du début, et la boucle est bouclée ! C'était la chanson inattendue, et c'est de loin la meilleure. Autant dire que les HEARTBEAT et autre Colorful ne lui arrivent pas à la cheville. Enfin, une autre ballade est réussie. Sans atteindre le niveau d'ENDLESS STORY, Wish est une très jolie ballade piano-voix où la simplicité prime sur la force. C'est donc une mélodie sobre, qui est portée avec une facilité déconcertante par la jolie voix de Yuna. Le résultat est tout simplement charmant.


Les singles n'étaient pas tous excellents, mais ils tenaient la route, même s'ils n'étaient pas aussi bons que ceux qui figuraient sur HEART. Mais là où HEART échouait à proposer des inédits dignes de ce nom, WISH tient le pari pour certains d'entre eux. Mais il reste malheureusement une bonne poignée d'inédits assez mauvais ou en tout cas très décevants. La révolution n'est donc pas encore pour aujourd'hui, et c'est assez énervant connaissant le potentiel de Yuna. Reste les bonnes surprises comme alone again, A Long Walk et Wish et les sympathiques Power of Love et Tokyo Days pour patienter jusqu'au troisième album. Yuna a encore de la marge pour progresser. Mais au moins, Wish est l'album qui lui a permis de prouver qu'elle valait quelque chose dans les pistes dynamiques, car contrairement à HEART, elle n'impressionne pas vraiment dans le domaine des ballades (hormis pour Wish et alone again), mais bien dans le terrain des mid-tempos et chansons dynamiques.

Note globale: 5/10

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