L'ETE, LA PLAGE, LE SOLEIL, HAWAII ET YUNA

Le troisième album de Yuna a de quoi surprendre puisque la grande majorité des chansons ne sont pas des ballades. A vrai dire, il y a même beaucoup de chansons dynamiques. Elle doit avoir envie de se débarrasser de son étiquette ! Mais il a aussi de quoi surprendre dans le mauvais sens du terme : il contient très peu de chansons et surtout très peu d'inédites. C'est l'heure du bilan.

***Parlons rapidement du design : les clichés sont variés et assez nombreux. Cela fait toujours plaisir lorsque l’on achète encore des albums physiques. Pourtant, comme pour les deux précédents, je ne suis pas spécialement fan du résultat. Certes, ils ont enfin décidé d’être joyeux et colorés, mais le résultat semble brut. On dirait qu’il n’y a pas eu d’effort de concept et d’harmonisation. Certaines photos n’ont rien à voir les unes avec les autres, et de manière générale, elles ont toutes l’air un peu « cheap », comme si elles avaient été prises en trois secondes sur fond blanc ou en tout cas dans le premier décor studio de libre. Dommage ! D’autant plus qu’encore une fois, les singles précédents étaient jolis visuellement.***



DREAM se partage entre ballades, mid-tempo et up-tempo (tous officiant dans la J-pop de base). Commençons par le domaine de prédilection de Yuna, à savoir les ballades. Bien qu’elle soit performante dans ce style grâce à jolie voix, il faut avouer qu’elle a rarement réussi ses essais hors singles, puisque la plupart de ses slows inédits ont été des trucs niais ou totalement fades derrière leurs grands airs. Autant laisser le peu de place disponible à des titres à plus fort potentiel ! Les fans de ballades devront se contenter de deux singles : Trust you et miss you. La première est sorti du moule habituel de la chanteuse et devrait donc satisfaire ses fans. Couplets doux, refrains puissants, une touche de piano tristounet et une dose de violons pour le côté grande ballade. La voix de Yuna étant toujours aussi belle, c’est un petit plaisir. C’est un peu la même chose pour miss you, avec une réserve néanmoins : son côté plus posé et calme n’est pas déplaisant, mais c’est terriblement classique, et au fil des écoutes, elle perd de son intérêt. Je trouve dommage que son instrumentale de départ, plus synthétique et mystérieuse, n’ait pas été conservée. Les maigres 16 secondes qu’on en avait entendu dans un CM étaient plus enthousiasmantes que cette nouvelle version ultra scolaire et prévisible. Enfin, il reste l’inédite No One Else, une ballade tout aussi convenue qui, sans être désagréable, n’a aucune saveur. Mais elle a au moins le mérite de passer facilement lorsqu’on écoute l’album d’une traite. Aussi, c’est finalement une bonne chose que Yuna n’ait pas tenté plus de ballades. Soit elle nous ressert la même chose que d’habitude, (et ça se sent trop sur album…), soit elle tombe dans des trucs totalement indigestes et dégoulinants.

En parlant de trucs indigestes, on n’y échappe malheureusement pas, même en évitant les ballades. C’était à prévoir, puisque les mid-tempos de Yuna sont souvent des « hit or miss ». Souvenez-vous des morceaux sympas tels que losin’, Mahaloha ou A Long Walk, ainsi que des grosses bouses Colorful, HEARTBEAT ou plus récemment Brand New World. Ah Brand New World justement ! Sony n’a rien trouvé de mieux que de nous la refourguer dans l’album, comme si on n’avait pas été assez traumatisé la première fois qu’on l’avait entendu faire tâche sur le single Trust you. Alors oui, c’est bien chanté, mais c’est encore un de ces morceaux gamins où la musique dance sortie des années 90 est totalement dépassée. Merci, mais non merci ! Mais ce n’est pas fini ! Yuna a décidé de s’adresser aux fans de La Petite Sirène qui sommeillent en vous avec BAILA BAILA, qui rappellera de loin Sous l’océan. La bonne nouvelle dans l’histoire, c’est que l’instrumentale totalement orientée plage et soleil est nettement plus agréable que celle de l’ignoble Brand New World. Si vous n’êtes pas rebuté par tous les trucs mielleux, ça peut passer et faire sourire, en dépit de ses airs gamins, à condition de ne pas l’écouter en mode repeat (je dis ça pour votre propre bien). Dans la catégorie niaise, on peut faire coucou à love you, la piste d’introduction qui a pour seul mérite d’être très dynamique pour ouvrir l’album. Je salue la tentative de changement instrumentale avec l’omniprésence de la batterie sur le titre. D’ailleurs, j’avais initialement beaucoup de sympathie pour le titre …qui finalement n’est qu’un morceau enjoué niais de plus, et qui risque de vous donner mal à la tête à cause de la batterie justement. Dans le rayon niais, on peut enfin signaler Ima demo aitai yo…, l’answer song à Ima Demo Zutto. Si cette chanson était classique mais très jolie, sa nouvelle version est gâchée par une instrumentale synthétique planplan qui lui donne un aspect très cheap. C’est dommage, mais ça reste plus digeste que les trois titres mentionnés précédemment.

Passons aux up-tempos qui sont plus réjouissants que le reste dans l’ensemble (j’ai bien dit « dans l’ensemble »…). J’aurais pu placer Body dans les mid-tempo, mais son débit de parole est plus rapide qu’un Ima demi aitai yo… par exemple. Et puis, sa qualité lui vaut de côtoyer BREEEEEZIN!!!!!!! plutôt que Brand New World. Disons que j’ai échangé sa place avec love you (qui est plus un up-tempo qu’un mid-tempo en fait). Quoi qu’il en soit, Body n’est pas la meilleure chanson de tous les temps, mais c’est vraiment différent de ce que Yuna a fait jusqu’alors. L’instrumentation est assez sobre, classe, mystérieuse, synthétique mais jamais dégoulinante. D’ailleurs, la mélodie est légère, planante et agréable. Les sonorités de la langue ainsi que le débit de paroles en font un morceau assez hypnotique suffisamment solide et prometteur (quand Yuna veut changer d’air, elle le peut sans problème). BREEEEEZIN!!!!!!! valide la recette que BAILA BAILA peinait à nous faire avaler : la chanson orientée plage, soleil et cocotiers, avec ses quelques instruments caractéristiques. Sauf que BREEEEEZIN!!!!!!! a la grande classe à tous les niveaux : instrumentation fun et entraînante, mélodie fluide et rapide, et voix qui balance suffisamment la sauce. En fait, cette B-side d’origine est meilleure que la plupart des autres chansons de Yuna ! LOVE MACHINE GUN est une des rares inédites, et elle est plutôt réussi, avec des airs rétrospectifs bienvenus qui permettent aussi de la distinguer des précédents titres de la chanteuse. Les couplets sont particulièrement réussis, grâce à l’alternance de guitare électrique et des paroles parlées au vocoder, qui leur donnent un air insolent. On pourra néanmoins regretter des refrains beaucoup plus convenus et scolaires, même s’ils sont assez plaisants. Puisque rien n’est jamais parfait, il fallait évidemment un raté dans les up-tempos : vous aviez oublié Koi wa groovyx2 ? Malheureusement, pas moi. C’est un autre de ces titres totalement dépassés et kitsch musicalement, à peine sauvé par son enthousiasme communicatif. Et puis, Yuna nous la place deux fois dans le CD au cas où (la version anglaise est une piste cachée). Elle aurait pu se la garder et nous offrir la jolie ballade GATE à la place hein !




Le constat n’est pas vraiment glorieux, mais DREAM s’écoute relativement bien d’une traite. Il est plus cohérent que les deux premiers albums de Yuna, peut-être parce qu’il n’essaie pas vainement de se la jouer « album de chanteuse à grande ballade », alors que Yuna reste avant tout une simple chanteuse de J-pop, même si elle a une voix supérieure à une grosse parties de ses consoeurs. Aussi, il a le mérite de proposer des titres globalement digestes et agréables, à défaut d’être indispensables. Malheureusement, ce n’est pas encore aujourd’hui que Yuna réussira à livrer un vrai bon album, surtout que si l’on se penche sur les chansons de manière individuelle, il est bien difficile d’y trouver un vrai tube en dehors de BREEEEEZIN!!!!!!!, la perle cachée, ou Trust you, la ballade classique mais toute jolie. Et puis, qui dit album de Yuna dit toujours grosses bouses dans le lot. Il faudrait vraiment débarrasser la chanteuse des auteurs qui osent lui faire perdre du temps avec des chansons totalement dépassées musicalement (Brand New World…). Au moins, elle s’améliore d’album en album. Si un jour, un quatrième voit le jour, il vaudra peut-être le détour...

Note globale : 6/10


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