Critique publiée en octobre 2013
PAS D’ÉVOLUTION

Peut-être pas non plus. Mais ce n’est pas une raison pour dire que c’est un concentré de tubes. Ce n’en est clairement pas un. En y réfléchissant, j’ai quand même l’impression qu’il est meilleur qu’On Your Radar. J’avais beaucoup accroché à cet album à sa sortie, mais avec du recul, je le trouve quand même très pauvre musicalement. Sans être à des années lumières d’avance, Living for the Weekend me semble de qualité plus honorable. Et pourtant, je ne l’écoute quasiment pas ! Pourquoi ? Parce qu’il n’a presque rien à offrir qu’on ne connaisse déjà du girl band que sont les Saturdays. Ces sonorités dance et kitsch visiblement fièrement assumées, on les connaît déjà. On les a déjà eues en intégralité sur On Your Radar (12 pistes, quand on retire les deux ballades moisies qui s’y trouvaient). Et je ne sais pas pour les autres auditeurs habitués des Saturdays, mais personnellement, je ne les aimais pas au point d’en ravaler une nouvelle salve sans broncher. Aussi, non, je ne suis pas particulièrement enthousiasme quant à cet album, aussi facile d’accès puisse-t-il être.
Concrètement, son point fort vient de ses singles : ils sont étrangement variés, non seulement en ce qui concerne les sons dance, mais surtout en ce qui concerne le style Saturdays en lui-même. Grâce à eux, on a droit à plusieurs facettes que peut offrir le groupe : de la dance kitschounette (30 Days, single de début 2012 curieusement rescapé, alors qu’il semblait tout droit venu de l’album précédent), de la dance mainstream américanisée (What About Us, en featuring avec le dispensable Sean Paul…), de la pop déjantée à la Girls Aloud (Gentleman, soit mon single préféré de cette ère) et de la pop gentillette en mid-tempo (Disco Love, qui est néanmoins vraiment sympathique sur le long terme, notamment parce qu’elle change du style habituel des filles en sortant de ces sonorités dance incessantes). A cette variété, vous pouvez ajouter le mid-tempo braillard Lease My Love (rejet de Rihanna) et la belle ballade pop Leave A Light On (facile, mais puissante). Et on peut même accepter un nouveau titre dance totalement kitsch : Not Giving Up, qui, en dépit de son instrumentation déconcertante de pauvreté, est diablement efficace, totalement imparable et simplement bombesque. En gros, la première moitié de l’album est cool :

Malheureusement, dès 30 Days (que je trouve charmante, mais qui, j’ai l’impression, n’a vraiment pas sa place ici), on sent que ça coince. Mon intérêt s’est considérablement amoindri. En fait, je n’aime pas vraiment la deuxième moitié de Living for the Weekend. Je la trouve fade, plate, prévisible, ennuyante, redondante, pas du tout inspirée et je m’en passerais facilement. Oui, je persiste et signe ! Et oui, je le pense même si j’admets que les titres sont loin d’être horribles dans l’ensemble. C’est juste qu’à ce stade, c’est comme si les Saturdays nous criaient qu’elles ont enregistré les premiers morceaux qui leur tombaient sous la main et qu’elles ont emballé et expédié le tout en vitesse maximale (j’ai quand même des doutes en entendant la barbante Anywhere With You qui veut se la jouer California Girl de Katy Perry, ou l’insupportable Somebody Else’s Life dont le seul point positif est l’interprétation de Frankie sur les refrains). Certes, les violons et les ponts de Problem With Love sont épiques, certes, l’interprétation et la justesse dans You Don’t Have The Right sont exemplaires, certes, Don’t Let Me Dance Alone peut devenir sérieusement entêtante. Il n’empêche que cela ne change pas le résultat. Si c’est pour avoir un album monté aussi vite et sans motivation et sans innovation, elles auraient pu attendre un an supplémentaire, histoire de varier les sons comme en début d’album. Finalement, les meilleurs titres, on les connaissait déjà quasiment tous avant la sortie de l’album. Tu parles d’un événement après ça…

Pour finir, je dirais qu’il y a autre chose qui me gêne dans cet album : les voix. Non, ce n’est pas que l’album est mal chanté. J’ai d’ailleurs toujours trouvé que les Saturdays se défendaient plus que correctement sur ce terrain, et ce, malgré les canards de Mollie, malgré le volume faible de Frankie, et malgré la décadence vocale de Vanessa. Le problème, c’est que je n’ai pas l’impression que les répartitions des couplets/ponts/refrains sont toujours judicieuses, en plus d’être parfois totalement injustes. Prenez par exemple Vanessa. Oui, elle chante très bien, surtout qu’elle semble reprendre un peu de poil de la bête ces derniers temps (bien qu’on soit loin de ses impressionnantes envolées vocales de 2008-2009). Est-ce une raison pour nous la refourguer à tout bout de champ ? Non. Elle vient brailler le deuxième refrain de la très jolie Leave A Light On, là où il aurait été tellement plus agréable d’entendre Mollie ou encore Frankie. En parlant de Frankie… était-elle là lors de l’enregistrement ?! C’est un vrai fantôme ! On l’entend sur les singles sortis à l’époque où elle avait encore le droit de chanter. Et en dehors de ça, elle délivre à peine 5 lignes sur tout l’album ! C’est quand même honteux. Heureusement, Una illumine l’album à chacune de ses apparitions. Leave A Light On ne serait pas aussi belle sans sa superbe voix. Elle survole aussi aisément et gracieusement You Don’t Have The Right (qui, même si elle est jolie et bien écrite, ne sera jamais rien de plus qu’une piste de remplissage). Et elle parviendrait presque à donner du charisme à Problem With Love avec le seul timbre de sa voix (cependant, elle ne peut pas battre la saturation de sonorités en tout genre que les arrangeurs ont trouvé fun de balancer en milieu de chanson. Comme si les refrains n’étaient déjà pas assez répétitifs…). Bref, encore une fois, c’est Una qui est à mes yeux, le plus grand atout vocal du groupe. Au moins, ils s’en sont rendu compte et lui donnent une importante charge vocale. Enfin, ne parlons pas de l’inutile édition deluxe avec ses remixes tout nazes. Et restons-en là jusqu’au prochain !
Conclusion : En théorie, Living for the Weekend est plus réussi qu’On Your Radar. En pratique, il souffre de ses sonorités dance dépassées que le groupe nous avait déjà imposées en 2011. Or, après les singles sortis en 2013, on était en droit d’espérer un peu de variété, pour offrir un vent de fraicheur bienvenu au répertoire des Saturdays. Cela tombe malheureusement très vite à l’eau. Ce qui rend la deuxième moitié de l’album particulièrement lourde et difficile à digérer. Ce n’est pas qu’elle soit foncièrement mauvaise. C’est juste qu’elle n’apporte RIEN au groupe, et qu’elle nous répète des choses que l’on a déjà suffisamment entendues. Il serait temps que le groupe aille de l’avant musicalement parlant. C’est dommage, parce que les singles laissaient espérer que ce serait le cas. C’est comme si l’album les avait fait régresser. Ce qui est d’autant plus frustrant ! Il ne reste plus qu’à espérer qu’elles défendent leur opus avec d’autres singles, parce qu’elles disposent quand même de trois excellents inédits : la puissante ballade Leave A Light On, la kitsch mais bombesque Not Giving Up et enfin l’entêtante Lease My Love (quoique …elle est quand même très braillarde, et pourrait donc être trop casse-tête pour prétendre être un single que l’on passe en boucle, à moins que l’on veuille s’abrutir le cerveau…).
Note : 5/10
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