Critique publiée en juillet 2009, modifiée en janvier 2012

Les premiers albums sont rarement les meilleurs, surtout quand ce sont des groupes pré-fabriqués (et ne me dites pas que les Saturdays ne sont pas pré-fabriquées !). On se doute donc que la maison de disque a tout choisi ou presque, de quel style de chansons leur donner, à quel single sortir, jusqu'à qui chante quoi et quelles images utiliser. Bref, niveau liberté, ce n'était sûrement pas le top. D'un autre côté, les filles étant différentes, elles n'allaient pas se comprendre et se mettre d'accord d'un coup. Par conséquent, on obtient donc un album pop commercial, sans réelle personnalité, et la chose qu'on peut espérer y trouver, c'est de l'efficacité et une petite griffe puisque la maison de disque a quand même réussi à créer un style visuel au groupe, alors pourquoi pas musical ?



Et bien il y a une petite griffe. Contrairement aux Girls Aloud, autre girls band anglais alors en piste, les Saturdays préfèrent visiblement l'électro au rétrospectif. C'est ainsi que la plupart des morceaux sont dans un style très homogène. Des sons électro-synthétiques en veux-tu, en voilà. Preuve en est avec le premier single, If This Love, qui sample d'ailleurs Situation de Yazoo, une chanson de 1982 (et on sait tous que les années 80 abondaient de synthétiseur). C'est différent des Girls Aloud qui avaient débarqué avec un Sound Of The Underground avec sa guitare surf. Les instrumentales sont toutes armées avec cet instrument, des sonorités électro et d'autres réjouissances du même genre. C'est utilisé à différents effets, que ce soit pour des titres énergiques tels que If This Is Love, Up (dont la rythmique pourra rappeler Michael Jackson), ou Work, mais aussi sur des titres plus calmes comme Lies ou Keep Her qui sont plus planantes (je ne voudrais pas aller jusqu'à dire onirique, on n'en est quand même pas là). Enfin, il reste quelques ballades à l'instrumentation plus classiques (piano, violons, ou guitare sèche). Mais à vrai dire, l'intérêt de l'album est loin d'être le plus fort quand on les écoute, les meilleurs titres appartenant indubitablement à la catégorie synthétique.

Il est clair que les Saturdays excellent plus sur les up-tempos que sur les morceaux plus lents. L'album a d'ailleurs le mérite de contenir deux très grosses bombes pop comme on en voudrait tout le temps : la très entêtante Up où les refrains en choeur sont absolument accrocheurs, et la plus "agressive" Work à la mélodie contagieuse. Ces deux titres passés, on se retrouve avec des morceaux conventionnels, mais assez réussis (surtout pour un premier album où il y aurait sincèrement pu y avoir un grand nombre de bouses...). Ainsi Keep Her est entêtante, Set Me Off est une sympathique sous-Work, ou encore Lies a un certain charme avec ses airs planants et sereins. Pour le reste, il n'y a rien à retenir en particulier, les ballades étant tellement convenues qu'elles en sont plates (Issues est même carrément insupportable de niaiserie, je ne me suis toujours pas remise de sa sortie en single et de ses bons scores !). Seule Chasing Lights se distingue un peu des autres grâce à l'excellente interprétation de Vanessa, et à la mélodie légère et jolie.

Les ballades auront au moins le mérite de prouver que les filles ont des voix assez différentes et plutôt bonnes pour un girls band. Il est clair que la meilleure des cinq est Vanessa. Tout y passe avec elle : hauts, bas, graves, aigus, le tout avec du coffre et de la puissance. Pas étonnant que toutes les envolées ou presque lui reviennent. Elle n'a certainement pas usurpé son surnom de "Christina Aguilera du groupe", même si rassurez-vous, elle ne crie jamais... Dans l'ombre de Vanessa se trouvent les quatre autres filles : Rochelle hérite de pas mal de passages, et prouve qu'elle a toujours sa voix nuancée qui était déjà très agréable à l'époque de S Club 8. Enfin, Una a la voix la plus particulière avec ses interprétations rauques et suaves. Restent Mollie et Frankie qui se partagent les miettes parce qu'elles ont les deux voix les plus faibles. Ce ne doit pas être facile pour Frankie qui était la chanteuse principale de S Club 8 (devant Rochelle !), mais elle s'en sort sur ses quelques passages. Mollie a une voix assez nasillarde et on sent que le live pourrait réserver des fausses notes. Mais comme Frankie, sur la galette, elle s'en sort (j'ai envie de dire "heureusement").

Chasing Lights est donc un assez bon premier album. Disons qu'il ne marquera pas les mémoires, après tout, ce n'est que de la pop à l'état brut, sans originalité ou abondance de bombes. Mais les filles s'approprient quand même un son synthétique-électro et ça leur va comme un gant. En plus d'avoir des voix honorables, elles livrent un premier album supérieur à ce que l'on a l'habitude d'entendre dans les premiers opus du monde de la pop. L'ensemble des chansons s'écoute facilement, et les deux tubes de l'album laissent entrevoir un certain potentiel pour l'avenir. Reste que malgré tous ces bons points généraux, ce n'est pas avec cet album très homogène et trop facile qu'elles vont s'imposer. Individuellement, les chansons sont assez faibles.



Note globale : 5/10


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