Critique publiée en février 2012

MEISA KUROKI - UNLOCKED

Meisa Kuroki livre son deuxième album, un an après le premier. MAGAZINE était plus pop que ce qu'elle avait proposé dans ses deux mini-albums. Unlocked prend la suite logique, et reste dans cette même pop synthétique. Les influences R&B font définitivement partie du passé. Ce n'est pas forcément un mal, parce que cet opus fait un pas en avant par rapport au précédent, trop homogène et sans charisme sur la durée. Unlocked peut en effet se vanter de proposer plusieurs inédites assez réussies, et surtout, il contient 4 A-sides qui étaient de grosses bombes.



Autant commencer parce que nous savions tous avant même que l'album ne soit annoncé. Les 4 A-sides sorties en 2011 sont excellentes de A à Z. Aussi, leur seule présence est déjà un gage de qualité. De plus, elles sont plutôt bien placées dans l'album. Les deux premières suivent deux pistes moyennes, et les deux autres sont en plein milieu de la galette. Une B-side tout à fait sympathique vient quant à elle équilibrer la fin un peu décevante, il faut le dire. Unlocked inclut donc les bombes qu'étaient l'électro-industrielle Wired Life, la latino-synthétique One More Drama, l'enjouée Woman's Worth et Breeze Out, qui fait très hybride de musique de jeux-vidéo et de gros film d'action. Quatre morceaux pop absolument brillants, pour quatre ambiances différentes, mais toutes dynamiques et extrêmement contagieuses. Dans tous ces morceaux, Meisa scande une partie des refrains, et c'est ce qui lui avait déjà très bien réussi sur ses chansons mémorables comme LOVEHOLIC. Si elle n'a pas de voix, elle parvient généralement à mettre beaucoup d'énergie dans ses up-tempos, preuve en sont l'intégralité des refrains, ou encore les raps parfaitement exécutés de Breeze Out. Et puis zut, Woman's Worth/Breeze Out était LE single pop de 2011 !

En dehors de ces excellentissimes A-sides, l'album contient une grande majorité de pistes très synthétiques-électro. Les instrumentales jouent toutes dans un registre similaire, même si, contrairement aux morceaux de MAGAZINE, elles dégagent généralement chacune leur propre ambiance. Le travail sur les arrangements étant fait avec soin, on obtient donc d'excellentes instrumentales telles LAST CODE ou PARADE. On doit cependant subir plusieurs chansons pas vraiment mémorables : l'enjouée Hit the Road!!, qui sert malheureusement d'ouverture, se mange sur ses refrains plats, répétitifs et presque transparents ; Shake it Off! essaie de repomper la recette très efficace d'Are ya ready? sans succès, et le résultat ne convainc pas ; avec ses petites clochettes, Flash Light pourrait passer pour une B-side bien niaise de 2001-2006 de BoA (avec des canards en plus) ; enfin, en dépit d'un très bon effort vocal, Aimai de Zeitaku na Yokubou est la tentative ballade ratée pour clôturer maladroitement l'album. Décidément, en dehors d'Awakening, Meisa et les ballades ne font pas très bon ménage.

Le reste des inédites, ainsi que la très sympathique B-Side UPGRADE U!, (sorte de Wasted 2.0), ont le mérite d'avoir une certaine consistance. Ça reste dans la même veine très synthétique, mais les mélodies fonctionnent plutôt bien, parce qu'elles sont un peu plus travaillées, et un peu moins niaises que celles des inédites citées dans le paragraphe précédent. Et surtout, elles bénéficient du meilleur travail d'instrumentation et d'arrangements. S.O.S. ~Watashi Sagasanai de kudasai~ divisera forcément les fans avec son rythme bizarre qui semble aller trop vite pour la mélodie, ses airs à la fois rétrospectifs, déjantés et enfantins, et ses refrains aigus. Mais la musique est assez intéressante. (J'avoue que je ne l'écouterais pas en boucle. Je l'imagine bien au générique d'un dessin animé). Take Me Away et Happy to be Me ont l'air d'être deux soeurs, faussement planantes avec leur synthétiseur à tout va, une interprétation toute en douceur, et des refrains assez lents dans leur débit. Ce ne sont pas des incontournables, mais l'écoute est tout à fait supportable.

Ce qui nous laisse deux petites pépites dans les inédites. Et c'est là que tout le travail ressort. Comme c'était le cas sur les singles, les instrumentales sont déjà excellentes seules. Mais en plus, les mélodies s'harmonisent parfaitement avec l'atmosphère de la chanson. On a donc droit au mid-tempo LAST CODE, une excellente surprise au rythme à percussions bien marqué et aux refrains mystérieux et hachés. Et dans un style plus proche de Wired Life, PARADE surfe avec brio sur de l'éclectro. Si la chanson donnait peut-être l'impression qu'elle serait plus dynamique, les deux facettes du refrain sous forme de question-réponse sont très accrocheuses. De toute évidence, ces deux là ne font pas pâle figure à côté des A-sides et ce n'est pas peur dire.

Un mot sur la voix pour finir. Meisa n'en a pas, ce n'est pas nouveau. Mais elle s'est quand même améliorée depuis 2008. Et puisque beaucoup d'inédites sont assez calmes, le travail vocal est agréable. Pour les titres dynamiques, elle a trouvé la parade : scander, voire rapper. Et cela lui va comme un gant. Elle maîtrise son art, et dynamise véritablement les refrains. Il n'empêche qu'il reste parfois des passages aigus et hauts trop délicats pour elle. C'est là que le vocoder frappe avec toute sa puissance, même s'il ne peut pas faire de miracles (je pense à Breeze Out et ses "jolis" sons "iiiiiiii" très aigus...). Mais au moins, on a échappé aux trucs improbables comme la vaste blague qu'était la jolie ballade Why?? sur MAGAZINE : jolie mais hors de la portée vocale de Meisa (si si, souvenez-vous... ou peut-être pas pour le bien de vos oreilles).



Conclusion : Unlocked est un album assez homogène avec sa pop électro-synthétique. Il n'y a clairement rien de révolutionnaire là dedans. C'est de l'entertainment pur, mais ça fonctionne plutôt bien. Et Meisa a quelque chose de plus que beaucoup d'autres chanteuses de J-pop en ce moment : ce n'est certainement pas sa voix, mais plutôt son équipe qui se donne un maximum pour fournir des instrumentales et des arrangements modernes, aboutis et efficaces. Et mine de rien, cela fait la différence sur les bombes que sont Wired Life, One More Drama, Woman's Worth, Breeze Out, LAST CODE et PARADE. Le reste des titres est beaucoup plus anecdotique, et certaines pistes sont trop niaises pour être appréciables. Mais Unlocked est certainement le meilleur album de Meisa à ce jour, et l'agencement des titres l'équilibre plutôt bien et le rend facile d'accès.

Note : 7,5/10

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