Critique publiée en septembre 2013
PAS SI COMPLEXE QUE ÇA, MAIS EFFICACE

J’ai découvert Jasmine en 2010 à la sortie de son premier opus, Gold. Je vous avoue que je n’ai pas conservé un souvenir impérissable de l’album en question, puisque j’en garde tout au plus quatre chansons. Pourquoi avoir donc passé de longs mois à observer et patienter dans l’attente que la demoiselle sorte un deuxième album ? Et bien, tout d’abord parce que tous ses singles post Gold ont été solides et plaisants, à défaut d’être extraordinaires. Et puis, Jasmine dispose d’une jolie voix, puissante et absolument pas nasillarde (et le nasillard a tendance à toucher un grand nombre de chanteuses de pop japonaise). Mais ce serait mentir que de vous dire qu’il s’agit de la raison principale du maintien de mon intérêt pour Jasmine. En fait, cette raison porte un nom : L.I.P.S., piste 3 de l’album Gold, et simple B-Side du (bon) single This Is Not A Game. À mes yeux, cette chanson injustement restée dans l’ombre est une bombe comme on en fait rarement. Non, pas une bombe, une BOMBE. On est encore un cran au-dessus des bombes, quoi. Pourquoi ? Je ne saurais l’expliquer, et peut-être suis-je la seule à m’extasier encore à chaque écoute de ce titre. Toujours est-il que cette petite perle m’a poussée à suivre Jasmine, dans l’espoir que sur son second album se trouve une nouvelle L.I.P.S., quitte à ce que le reste du cru soit complètement nul.
Il se trouve que je n’y ai trouvé aucune chanson à la hauteur de L.I.P.S.. En revanche, j’y ai quand même trouvé quelque chose, et pas quelque chose de négligeable : un alignement d’excellents titres pop. Ils sont tous dans l’air du temps et relativement faciles, certes. Mais en dehors de deux titres, j’en ai aimé l’intégralité. Complexxx est par conséquent un de ces rares albums que j’écoute très souvent depuis sa sortie. Il est très homogène, puisque tous les titres se rangent dans la catégorie pop électro-synthétique. Si le synthétiseur s’en donne donc à coeur joie, on n’est pas dans des titres musicalement dépassés et kitsch comme les Saturdays peuvent finir par proposer. L’ambiance est tout à fait dans l’air du temps, tout en simplicité. Malgré l’uniformité du style, chaque piste est distincte des autres, dès la première écoute. Aucune chanson n’est un clone de l’autre, et c’est tout à l’honneur de Jasmine. Avec de petits détails, elle a réussi à faire un excellent opus complètement accessible.
Globalement, l’album se divise entre les up-tempos (High Flying, Addiction, Touch me on the Beach, B*TCH*S, Weekend High et HERO) et les mid-tempos (Best Partner, I Hate You, ONLY YOU, Realize, et ONE). Une seule ballade (I’ll be there) vient fermer la marche. La chanteuse maîtrise visiblement ces trois vitesses, puisqu’aucune ne me semble moins intéressante que l’autre. Évidemment, tous les morceaux ne se valent pas, et certains se distinguent très clairement du lot : High Flying et son enthousiasme communicatif, Touch me on the Beach et son rythme endiablé, B*TCH*S et sa mélodie entêtante, ONE et ses airs ensoleillés inspirés du reggae, et I’ll be there qui fait sourire dans sa mièvrerie. Néanmoins, je ne dénigre absolument pas les autres pistes qui ont leurs propres points forts. En fait, il serait plus facile pour moi de vous répéter qu’il n’y a que deux pistes dont on aurait aisément pu se passer : Weekend High, qui pour le coup sonne comme du Saturdays et qui est casse-tête en plus d’être kitsch, et HERO, tout aussi casse-tête avec ses « HEEEEEEEERO!!! » qui détruisent les pseudo-refrains du « truc ». D’ailleurs, en parlant de casse-tête, sachez que Jasmine a tendance à chanter sans délicatesse. Sa voix étant puissante, cela a des dommages collatéraux sur des chansons comme HERO, mais aussi Realize et même High Flying. Accrochez-vous lors de vos premières écoutes. C’est juste, mais c’est fort (et je parle bien du volume vocal). Mais d’un autre côté, sans cette voix, on n’aurait pas droit à B*TCH*S et ses hauts refrains qui en font à mes yeux la meilleure piste de l’opus.
Conclusion : Complexxx est un excellent album pop. Il suit la mode électro-synthétique du moment et propose douze titres presque tous de qualité. Comme quoi il n’y a pas besoin de révolutionner la pop pour réussir à proposer quelque chose de solide et cohérent. Je ne peux que vous en recommander chaudement l’écoute. Une chose est sûre : je vais continuer à suivre Jasmine avec attention, et pas seulement pour sa chanson bombesque de 2010. Je croise maintenant les doigts pour avoir droit à un troisième opus à la hauteur de celui-ci dans les prochaines années (en espérant que Sony Music Japan lui « pardonne » son petit flop, Complexxx n’ayant malheureusement atteint que la 28ème place du top Oricon).
Note : 9/10
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