Critique publiée en janvier 2014
LE TOURNANT INATTENDU DE LA CARRIÈRE DE HYORI

Si c’est une réponse différente que chacun a le droit d’apporter, je suis ici pour partager mon point de vue avec vous. Et la réponse est « OUI ! ». Lors de ma critique des deux premiers albums solo de la chanteuse, j’ai noté qu’en dehors de quelques rares titres qui sortaient du lot, la majorité des titres étaient passables et totalement convenus (pour ne pas dire plats). De cela résultaient des albums sans âme qu’on ne prenait pas plaisir à écouter (même si le deuxième album s’en sortait un peu mieux que le premier, grâce à une moitié de titres sympathiques à défaut d’être inoubliables). It’s Hyorish s’impose donc aisément face à ses deux prédécesseurs, parce qu’il a une qualité immédiatement frappante : dans l’ensemble, toutes les chansons sont réussies. Elles s’enchaînent facilement, sans se ressembler, et on prend forcément la chanteuse plus au sérieux qu’auparavant. Surtout que cela s’accompagne d’indéniables progrès vocaux. Avant que vous ne vous imaginiez monts et merveilles, il faut préciser que Hyori n’aura jamais une grande voix, mais on sent qu’elle a beaucoup travaillé : elle va plus facilement dans les aigus, et elle sait mieux mettre sa voix en valeur. Je me risquerais même à dire qu’elle interprète mieux ses chansons, dans l’attitude qu’elle leur confère (oui, j’assume quand je fais ce genre de compliment à une chanteuse parfois trop rapidement rabaissée).
Mais n’arrêtons pas là les bonnes nouvelles ! L’album n’est pas seulement plus réussi parce qu’il dispose d’une qualité plus constante et d’une chanteuse plus sûre d’elle et plus efficace. Il l’est aussi parce que les chansons sont variées et lui apportent chacune une couleur différente. Cependant, cette variété n’est pas un frein à la cohérence du projet. En effet, comme mentionné, Hyori joue la carte de la pop enjouée. Et c’est bien vu ! À l’image de la mielleuse A Barbershop’s Daughter, que l’on peut écouter béatement, l’album met facilement le sourire aux lèvres. Et à partir de cet antidépresseur auditif, vous pouvez offrir des sonorités différentes à vos oreilles. Que demande le peuple ? On a tout ce qu’il nous faut : de la pure pop déjantée (l’inoubliable U-Go-Girl), aux douces ballades (l’acoustique Do You Think It Will Be Okay? et la merveilleusement niaise The Barberman’s Daughter), en passant par la pop rétrospective (Photo Album, Don’t Cry, P.P.P.), la pop qui sent bon l’été (l’enthousiaste Lesson, l’indigeste Sexy Boy, la reggae Red Car), une émulation de Ooh Ooh Baby de Britney Spears (Invincible Lee Hyori), à de la pop électro-synthétique dans l’air du temps (le temps d’un combo final efficace : la dynamique Hey Mr BiG, la rétrospective P.P.P., la calme et synthétique My Life qui fera penser à du Kat DeLuna période 9 Lives, et Unusual, qui reflète ce qu’aurait pu être un Dark Angel 2.0). Vous l’aurez compris : la régularité étonnante dont a fait preuve Hyori tout au long de l’album paie ! D’ailleurs, à sa sortie, It’s Hyorish fut un vrai vent d’air frais, et certainement l’album qui aurait mérité d’accompagner l’été 2008 de tout le monde.
Pourtant, il ne faut pas se leurrer sur un point pour autant : si l’album affiche une constance inespérée pour du Lee Hyori, de laquelle on en aurait jamais attendu autant, on n’y trouve pas d’énormes tubes, qui marquent une carrière. Seule l’originale U-Go-Girl peut prétendre à ce titre. Et je crois que c’est justement plus parce qu’elle ne ressemblait à rien de ce qui se faisait à ce moment dans l’univers de la pop, que parce qu’elle était bombesque (néanmoins, je ne nie pas qu’elle est très agréable à l’écoute). Après tout, c’est un coup de force pour une chanteuse qui était accusée de plagiat deux ans plus tôt ! Quoi qu’il en soit, pour le reste, aussi réussies que soient des P.P.P. (qui a longtemps été ma préférée de la galette), des A Barbershop’s Daughter (ma nouvelle préférée) ou encore des Don’t Cry, il m’est d’avis qu’on n’atteint pas le niveau d’excellence d’un Shall We Dance?. Il n’en reste pas moins une chose très importante : l’album dans son ensemble est une réussite.
Conclusion : It’s Hyorish fut une aussi bonne surprise qu’il fut un coup de coeur. Je me souviens encore avoir écouté les six previews qui avaient été dévoilées sur internet en juin 2008 sans grand enthousiasme, mais simplement dans l’espoir d’y trouver un nouveau Shall We Dance?. Quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai constaté que j’aimais la majorité des choses que j’entendais là, moi qui n’accordais que peu de crédit à du Lee Hyori sur un album entier ! Et pourtant, elle l’a bel et bien fait : c’est un album solide, enjoué, très facile d’accès, et varié tout en restant cohérent. Certes, on ne trouve pas le ou les énormes tubes que l’on attend souvent d’une popstar (en dehors peut-être de U-Go-Girl, dont l’originalité et l’entrain font mouche). Mais il est indéniable que la qualité est constante même si elle n’est pas au maximum. Je n’ai quasiment donc aucun grand reproche à lui faire. La seule ombre au tableau, c’est l’ignoble et dégoulinante Sexy Boy. Le constat aurait pu être bien pire ! Hyori s’est réveillée et révélée à partir de ce troisième album !
Note : 7,5/10
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