Critique publiée en février 2014

TROP BON POUR ÊTRE VRAI

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Deux ans après It’s Hyorish, qui avait permis son retour en grâce, Lee Hyori fait son grand retour en 2010 avec H-logic. Sa maison de disque espère réitérer la popularité et les ventes de son fameux troisième album. Sur le papier, tout était là pour que ce soit le cas. Les premières semaines en ont même suivi le chemin. Tout cela, c’était avant qu’on apprenne que la moitié de l’album était composé de chansons plagiées par l’un des auteurs majeurs de l’opus. Les conséquences, bien que curieusement moins graves qu’en 2006, entrainèrent la fin précipitée de la promotion et la fin de la collaboration entre la chanteuse et sa récente maison de disque. Comme quoi, un jour, c’est le soleil, et le lendemain, c’est la pluie. Lee Hyori n’a donc pas vraiment eu le temps de mettre en lumière la direction voulue plus hip-hop de sa musique. Et c’est bien dommage, parce que, le scandale mis à part, H-logic, condamné à être partiellement renié, disposait de bons arguments pour être entendu...



L’album est composé de 14 nouvelles chansons que Lee Hyori avait annoncé influencées par le hip-hop. Bien qu’en soi, elles soient quasiment toutes convenues, c’était une démarche assez « originale ». Avant que l’on m’accuse d’employer de grands mots et d’enrober la réalité, laissez-moi m’expliquer : depuis environ 2008, la tendance de la pop dans le monde entier est à l’électro. Et elle va crescendo. Cette mode est par exemple parfaitement illustrée par Lady Gaga, alors véritable tourbillon médiatique et énorme vendeuse, ou même à Womanizer, tube de retour de Britney Spears. D’ailleurs, il m’est d’avis que Lee Hyori aurait pu suivre la vague à l’échelle de la Corée du Sud. Elle avait après tout sorti le très électro et très dansant Hey Mr. BiG pour promouvoir It’s Hyorish en 2008. Mais en 2010, elle choisit d’aller chercher ses influences ailleurs, et c’est tout à son honneur. Ainsi, même sans sortir des sentiers battus, ses nouveaux morceaux se distinguent de la majorité de titres pop qui assomment les radios et internet en 2010.

Cela dit, il faut relativiser la présence du hip-hop. La chanteuse n’a absolument pas renié la pop. Chitty Chitty Bang Bang, le single principal de l’album, le montre bien : c’est un U-Go-Girl boosté et un peu plus sombre. Mais on reconnaît bien la chanteuse, et son style reste totalement accessible à ses fans. En fait, Chitty Chitty Bang Bang est le parfait représentant du style de l’album, même s’il m’est d’avis que la chanson est décevante. En effet, on retrouve non seulement la Lee Hyori enjouée de It’s Hyorish, mais l’instrumentation est plus rythmée, et l’ensemble est simplement plus « bourrin » (non, vous n’êtes pas les seuls à avoir voulu faire dégager ce fichu rappeur…). Cela dit, rassurez-vous, le vrai massacre reste la chanson leader, où les auteurs et producteurs ont certainement voulu trop en faire, rendant la chanson parfois indigeste et trop braillarde. Le reste de l’album est très agréable à l’écoute, et il est même plaisant de voir Hyori ne pas hésiter à chanter autant de titres relativement dynamiques.

On aura envie de se trémousser sur l’entêtante I’m Back, l’agressive Bring It Back, la légère Highlight, et même sur l’endiablée Chitty Chitty Bang Bang. Mais la surprise, c’est peut-être que Lee Hyori réussit avec brio plusieurs pistes relativement lentes, qui prouvent d’ailleurs qu’elle a continué à faire de gros progrès vocaux. Bien qu’elle ne soit toujours pas une grande chanteuse, on sent qu’elle maîtrise sa voix, qu’elle est capable de chanter juste, et qu’elle est à l’aise, même sur ses ballades. Ainsi, ce sera un plaisir de retrouver une Lee Hyori classique sur le sympathique Get 2 Know, le très synthétique et efficace Want Me Back, le doux duo How Did We Get qui sample Annie Lenox, ou la ballade R&Bisante Feel The Same qui fera penser à Namie Amuro. Et finalement, la plus grande surprise, c’est que c’est sur ce genre de titres qu’elle tire le plus son épingle du jeu. Il ne s’agit donc plus de se dandiner sur un up-tempo bien senti et d’être belle. À ce titre, les deux perles de l’album sont deux titres très différents qui misent sur leur ambiance et leur interprétation : il y a la sombre, lente et lourde Love Sign avec sa voix d’opéra en fond (un coup de génie !), et la fausse ballade mélancolique et magnifique qu’est l’inoubliable Swing (illustrée par un très beau clip). Il est d’ailleurs à noter que Hyori elle-même avait fait le choix de teaser cet album avec Swing, signe qu’elle évolue musicalement.

Finalement, je n’ai que peu de reproches à faire à cet album. Bien sûr, pas moins de sept titres ont été plagiés par l’auteur Bahnus (I’m Back, Feel The Same, Bring It Back, Highlight, Swing, How Did We Get, et Memory). Et bien sûr, même si je parle d’évolution, il ne faut pas s’attendre un album absolument incontournable et révolutionnaire. Toujours est-il que la qualité n’a jamais été aussi constante sur un album de Lee Hyori. Aussi bon qu’ait été It’s Hyorish en 2008, il m’est d’avis qu’il ne semblait pas contenir de vrais gros tubes, tandis que H-logic a l’embarras du choix, ne serait-ce qu’entre Love Sign, Bring It Back, Swing, Want Me Back ou même un Get 2 Know (vous remarquerez que ce ne sont pas que les chansons plagiées). Aussi, bien que l’album soit certainement plus bourrin et plus casse-tête, il me semble encore meilleur.



Conclusion : H-logic est un album solide et convaincant. Il est dommage qu’il se soit retrouvé embourbé dans une nouvelle histoire de plagiats en chaîne. Sept titres concernés, c’est quand même énorme ! Il servira au moins de leçon à la chanteuse quant à son entourage. Mais il ne faudrait pas oublier qu’il contenait une grosse poignée d’excellents titres (au moins, on peut se dire que Bahnus avait bien choisi…), permettant d’enchaîner les bons morceaux, sans qu’ils ne se ressemblent trop, et sans qu’ils soient incohérents. En d’autres termes, c’est un album réussi !

Note : 8/10


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