critique publiée en avril 2008, modifiée en mars 2009, et complètement retravaillée en juin 2012

AH LE DEBUT DES ANNEES 2000...

Rétrospectivement, je crois que Sound Of The Underground est un échantillon parfait du visage que commençait à adopter la pop au début des années 2000. Dans ces années là, on écoutait soit de la pop sucrée et joyeuse à la S Club 7, soit de la pop teen queen américaine (Britney, Christina, Mandy, Jessica, ect...). A cette époque, on a aussi pu assister à l'explosion de la télé-réalité à toutes les sauces. Très vite, la pop et ce nouveau concept télévisuel se rencontrent et donnent naissance à des émissions (par exemple, Star Academy et Popstars chez nous) qui boostent la musique pop (avant de l'achever en provoquant une overdose générale). Bien souvent, ces émissions ont toutes leur équivalent dans nos pays voisins. C'est ainsi qu'en 2002, les Anglais suivent la formation de deux groupes mis en compétition dans Popstars: the Rivals. One True Voice pour les garçons, et Girls Aloud pour les filles. C'est qu'elles en ont parcouru du chemin depuis !



En tout cas, les groupes et chanteurs qui sortent vainqueurs de ces émissions de télé-réalités se retrouvent avec deux étiquettes collées sur le front : premièrement, ils sont résolument modernes et cool lorsqu'ils sortent leur premier single. Ce qui explique le raz-de-marée que certaines chansons ont causé dans les charts. Mais deuxièmement, on les donne automatiquement morts et has been une fois la vague passée. Et la vague passe bien vite, puisqu'elle ne dépasse généralement pas le stade du premier album. En effet, ces gentils gagnants de télécrochets sont vite accusés de n'avoir aucune expérience, aucune légitimité et aucun talent pour durer. Pour les Girls Aloud, la situation était encore plus délicate. Elles avaient une troisième grosse étiquette collée sur le front : celui d'être un girls band avec tout ce que cela implique (mythe des Spice Girls, disputes possibles, rumeurs, durée éphémère, chansons supposées plates et niaises...). Autant dire que personne n'avait prévu que les cinq demoiselles finiraient par faire figure d'ovni parmi ces "one-hit wonders" venus d'une télé réalité. De plus, leur premier opus est finalement assez fidèle à ce que l'on attendait d'un girls band sortant de Popstars. Mais nous allons tout de suite aborder tout cela en détails, afin de trouver les signes (déjà présents !) du potentiel de ce groupe décidément pas comme les autres.

Si on trouve évidemment des singles tout indiqués sur la galette, le reste est de la pop assez basique, conçue pour remplir un album vite fait bien fait. Par conséquent, il n'y a rien d'extraordinaire à se mettre sous la dent, puisqu'en dehors des tubes évidents, les morceaux sont au mieux passe-partout, et au pire assez abominables. Dans la première catégorie, on peut ranger Life Got Cold, une ballade sympathique qui perd malheureusement de son charme au fil des écoutes, All I Need (All I Don't), qui commençait bien avec son côté funky, mais qui est très vite devenue casse-tête avec son refrain répétitif, You Freak Me Out, une chanson pop-rock enjouée qui fait très Disney Channel, la dynamique Boogie Down Love qui a du potentiel mais qui est bien trop bruyante, la sympathique Stop que les L5 n'auraient pas reniée ("nanana nana"), ou encore la reprise Girls On Film qui s'avère être très vite lassante. Dans la deuxième catégorie, nous avons la bouse légèrement dance Girls Allowed qui, aujourd'hui, est plus que dépassée, la ballade dégoulinante, agaçante, larmoyante et horripilante qu'est Forever And A Night, et White Lies qui, sans être aussi horrible que les deux précédentes, est le stéréotype sans saveur d'un mid-tempo lambda de ce début des années 2000.

Ce n'est pas non plus du point de vue vocal que les filles font des étincelles et se démarquent. A vrai dire, si vous ne connaissez pas le groupe, je suis sûre qu'il vous est quasiment impossible de distinguer la moindre voix, tellement elles se ressemblent toutes. D'ailleurs, le lead vocal est totalement injuste, puisque c'est Nadine qui récupère la majorité des parties solo. Seule Cheryl s'en tire avec une part honorable du gâteau, et éventuellement Sarah. Mais de toute façon, à part Nadine qui possède un minimum de puissance vocale, les autres filles disposent de voix très... passe-partout, comme les chansons que j'ai déjà évoquées. Bien sûr, il ne faut pas non plus s'imaginer qu'elles ont des voix absolument horribles, et j'ajouterais même qu'il y a un talent caché du nom de Nicola ; mais la pauvre n'a (quasiment) pas le droit de chanter... Je ne cherche pas à dresser un horrible portrait du groupe. Surtout que bien rares sont les girls bands où les membres avaient tous de très bonnes voix. L'important, c'est finalement l'alchimie. Et justement, de ce point de vue là, le contrat est rempli. Les refrains de la plupart des titres sont parfaitement exécutés, en choeur ou à la chaîne (façon Life Got Cold). En fait, j'ai toujours trouvé que les Girls Aloud avaient une excellente cohésion, à défaut de vraiment pouvoir briller individuellement. Et finalement, c'est cette cohésion immédiate qui fait toute la force du groupe.

Et cela est d'autant plus frappant lorsqu'elles ont tiré la bonne carte. Ainsi, sur les bons morceaux, les filles font un véritable ravage. Encore aujourd'hui, un titre comme Sound Of The Underground garde toute sa superbe. C'est une bombe. Elle est tout simplement intemporelle. Elle a non seulement du style, mais en plus, elle a un énorme potentiel fédérateur. Les filles se sont visiblement senties très à l'aise dans ce genre de musique, puisqu'elles ont réitéré le tube du même genre avec No Good Advice, en y ajoutant un touche des années 80. Elles ont volontairement choisi de partir sur cette route là, puisqu'elles ont demandé à travailler avec les auteurs de ces deux titres. Ce qui leur a permis de proposer d'autres très bonnes surprises sur l'album : Mars Attack, qui, malgré le manque d'un refrain tubesque, possède cette touche particulière et charismatique, et Love/Hate, qui, même si elle ne fait que copier Sound Of The Underground, reste assez plaisante. Je finirai sur la ballade Some Kind Of Miracle, qui est très convenue et simpliste, mais qui illustre parfaitement la bonne cohésion des filles lors des refrains, et qui a un petit côté accrocheur mine de rien. Sans prendre en compte la reprise Jump, qui ne m'a jamais fait forte impression, je trouve que ces cinq morceaux suffisaient déjà à prouver que les Girls Aloud avaient de l'avenir. Ils ont un style pop efficace, mais surtout particulier. Je ne pense pas qu'ils auraient eu le même impact sans les filles, ni que les filles auraient paru aussi crédibles sans eux. C'est le mariage réussi d'un style pop et d'un groupe.



Conclusion : Sound Of The Underground est un album pop lambda du début des années 2000. Pour un album manufacturé, il reste assez agréable à l'écoute. Les abominations mielleuses sont en effet moins nombreuses que ce que l'on aurait pu craindre, surtout venant d'un groupe. Mais la plupart des morceaux sont bien trop convenus pour que vous ne les oubliez pas aussitôt votre écoute achevée. Reste que dans le lot, cinq chansons brillent particulièrement. Elles irradient littéralement le reste. En fait, elles sont tellement réussies qu'elles suffisent à conférer un style au groupe. Avec des pistes d'excellence telles Sound Of The Underground, No Good Advice ou encore Mars Attack, les Girls Aloud s'imposent comme un groupe dynamique, moderne et légèrement déjanté sur lequel il faudra compter pour plus d'un album. Et autant dire que cette facette du groupe était plus que prometteuse pour le monde de la pop !

Note : 4/10

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