Critique publiée en novembre 2010

IL FAUDRAIT SE FIXER QUELQUES REGLES, CHERYL

2010, un an après l'immense carton de son premier album solo et de ses singles : Cheryl est de retour avec son deuxième album, son énorme popularité, sa surexposition dans les médias, son image parfaite, Simon Cowell, le X-Factor et tout ça. Elle a d'ailleurs beau dire garder sa vie privée pour elle, et expliquer que ce sont les médias qui sont bien ennuyants d'en faire des tonnes et de s'acharner (ce qui n'est pas faux en soi), elle leur donne aussi de quoi parler d'elle avec les titres de ses albums et singles (voire carrément avec certaines chansons). Après son 3 Words (c'est-à-dire "i love you") et Fight For This Love pour son mari infidèle, cette année, elle est triste (messy little raindrops) et nous rappelle qu'elle a vaincu la malaria (Promise This). Bref, sainte Cheryl joue aussi consciemment avec son image lisse, parfaite, touchante et spontanée (?). Mais je ne suis pas là pour la descendre, juste pour protester contre tous ces commentaires un peu trop... superlatifs. C'est du business tout ça.



Commençons par l'impression générale après une écoute complète de l'opus. Une fois les douze chansons écoutées, la déception s'est rapidement fait sentir chez moi. Cette même déception déjà présente pour 3 Words, sauf qu'elle a bien plus vite pointé le bout de son nez. Une partie des morceaux souffrent du même syndrome que ceux de 3 Words : on a l'impression d'avoir des démos qui n'ont pas été terminées. Il y a du progrès : ce n'est pas aussi flagrant que l'année dernière, parce que les musiques sont plus "remplies" si je puis le dire aussi simplement. Dit autrement, il y a plus d'instruments qui peuvent distraire notre oreille. A noter d'ailleurs une utilisation récurrente d'un piano ou d'un xylophone qui rendent les chansons plus mélodieuses, et permettent justement d'atténuer la simplicité affolante de certaines musiques. Et pour finir ce paragraphe introductif sur une impression plus positive, je dirais que si la déception arrive bien plus vite qu'à l'écoute du premier album, c'est sur le tard que certains titres gagnent en force et relèvent un peu les impressions vers le haut. C'est déjà ça !

Dans le détail, il y a très clairement une mauvaise moitié, la première, et une bonne moitié, la seconde pardi ! Mais comme tout est relatif, il y a un intrus dans chacune des parties. Comprenez donc qu'une bonne piste tente de sauver la première moitié du naufrage (sans faire de mauvais jeu de mots, parce qu'il s'agit de The Flood...), tandis qu'une bouse tente de couler la seconde par tous les moyens (l'ignoble Waiting). Mais nous y reviendrons. Autant commencez par le début, puisque c'est ce qui fâche !

Alouette-ette-ette ploumèlééééé lé aléééé

L'album s'ouvre sur Promise This. La chanson porte le lourd fardeau de devoir succéder à Fight For This Love en tant que single leader d'un album. Ma première impression était positive. La musique est moins bâclée que celle de Fight For This Love (en pratique, on y trouve une douce touche de piano pour harmoniser les arrangements simplets). Mais à force de l'entendre, le refrain m'a paru de plus en plus faible. Aussi R&B guimauve qu'était Fight For This Love, il faut reconnaître qu'elle avait un refrain extrêmement contagieux (avec ses "fight fight fight fight...". C'est ainsi que je me rends compte, un an après, que Fight For This Love est peut-être finalement une des chansons que je préférais sur le premier album..). Ici, c'est plutôt l'inverse, puisque les couplets me paraissent même plus forts que les refrains. Le seul détail qui sauve la chanson de la nullitude, c'est quand même ces sympathiques "alouette-ette-ette.." scandés qui donnent envie de remuer son popotin sur le dance floor. Dommage qu'il ait fallu passer par un massacre du français... Personnellement, je n'avais pas compris que c'était du français avant de lire des commentaires partout sur YouTube et internet. Mais là encore, je tendais l'oreille, et ce qui suivait les "alouette" restait un mystère pour moi. Mais c'est normal !!!! Oui, "ailes" ne se prononce pas "alé". Je veux bien qu'elle nous sorte des "ploumèlééééé" pour "plumerai", mais avec tous les sous qu'il doit y avoir chez Fascination Records, ils auraient quand même pu demander à quelqu'un qui s'y connaît comment on prononce le mot "aile". Si tous les fans anglais de Cheryl se mettent à dire "alééé" quand ils parlent d'oiseau en français, le niveau scolaire va être beau là-bas ! Oui, ma digression part très loin, excusez-moi. Et puis pourquoi iraient-ils parler des alééé des oiseaux de toute façon ? Et puis d'ailleurs Fascination Records remplit ses caisses avec Cheryl pour mieux rembourser les flops de ses autres artistes... oui, aussi !

La mauvaise moitié

Bref !!! Continuons avec la suite. Yeah Yeah est une piste qui nous ramène directement dans la dance des années 90. C'est kitsch, très dépassé, mais j'admets que ce n'est bizarrement pas trop désagréable. Le problème, c'est que c'est ultra répétitif et qu'un petit génie a décidé de demander à Cheryl de chanter haut et aigu par moment... Pour calmer nos oreilles, on enchaîne avec un mid-tempo très calme, très doux, très... soporifique. Merci Will.I.Am. 3 Words était quand même bien mieux et plus sophistiquée que ça !!! Bonjour le service minimum en 2010. Nous avons ensuite la très convenue mais très jolie ballade The Flood. Quand ça commence, vous vous dites "non, non, tu ne m'auras pas avec ta douce mélodie tristounette, et ta musique guitare-synthé déjà entendue, et..." Et ! Et à ce moment vous l'entendez s'en donner à coeur joie sur ses "bringing on the flooooo-oooooo-oooood, the floooood". Et évidemment, pauvres de vous, vous êtes déjà vaincus. C'est niais, mais c'est beau ! A ce moment, vous pouvez écouter du Cheryl pendant 5 heures d'affilé.

Heureusement (ou pas), la cure de désintoxication arrive tout de suite après avec Amnesia, une production pop R&B américanisée, avec rythme saccadé et refrains traînants voulus hypnotiques mais rendus agaçants. C'est du déjà entendu, mais comme Cheryl ne nous sort pas de grands "the floooooo-ooooo-ooood", ça ne marche pas. C'est juste une pâle copie de milliers de productions américaines. En fait, ça collerait très bien à l'album 3 Words. On enchaîne avec Everyone au cas où vous seriez en train de vous avouer qu'Amnesia est écoutable. Everyone vient empirer la formule pop R&B américanisée avec rythme saccadé et refrains répétitifs et traînants. La musique est terriblement vide, plate et basique. Pour le coup, on est de retour dans l'ère 3 Words. Ce n'est pas du tout inspiré. Pour votre santé, préférez la zapper. C'est plus sûr. Au pire, dites-vous qu'on arrive à la bonne moitié de l'album !

La bonne moitié

Haut les coeurs !!! ...euh, ne nous emballons pas (trop). Raindrops est indéniablement une très jolie ballade gracieuse de par ses notes de piano simples mais jolies. Elle possède aussi un très charmant petit côté old school, très British, grâce aux batteries militaires. On a droit à de très longs "looooooooooove, looo-oooo-oooo-oooo-ooooo-oooove" et si on suit la logique de "the flooooo-oooo-ooood", on devrait être conquis. Mais... mais il apparaît que le petit génie (des notes aiguës de Yeah Yeah) a encore frappé et a offert cette ballade à Cheryl. Et elle n'a de toute évidence pas le talent vocal pour chanter ce morceau. On s'attend à entendre sa voix craquer à tout moment. Et que ces aigus sont laids et pathétiques sur les couplets !!!! Dommage !! La chanson était bien... Heureusement, voici Hummingbird, la deuxième grande réussite de l'album (après The Flooooo-oooooood). On retrouve déjà cette touche très harmonieuse avec l'espèce de xylophone qui égaye véritablement le titre et le dynamise beaucoup. C'est léger, joyeux, enthousiaste et terriblement accrocheur. Le refrain a beau être répétitif, je vous jure que celle-là, vous vous retrouvez à la chanter à n'importe quel moment de la journée. Personnellement, je vote pour que ce soit un single. Je me demande même ce que ça aurait donné en premier single de l'album. Certes, c'est très léger et peut-être trop joyeux pour l'image de Cheryl, mais ça aurait été bien plus frais qu'un Promise This dépassé...

On enchaîne avec une nouvelle tentative de pop R&B guimauve. Better To Lie prend donc la suite d'Amnesia et d'Everyone, avec grand renfort de synthétiseur... à tel point qu'on n'entend presque plus que ça. On se retrouve concrètement avec une chanson calibrée pour les Etats Unis, mais qui s'en sort un peu mieux que les deux chansons citées juste avant. Certes, on a toujours l'impression de faire face à une caricature des chansons américaines, mais... je ne sais pas, au bout de plusieurs écoutes, je l'ai trouvée assez charmante malgré tout avec sa mélodie assez enthousiaste (qui pour le coup ne va pas forcément très bien avec les paroles...). J'ai volontairement ignoré Let's Get Down jusqu'ici. J'aurais pu (laaaaargement) lui céder la place de Waiting en tant que bouse qui pourrit la seconde moitié de l'album. Parce que du côté des bouses, on a atteint le summum. J'avais presque envie d'éclater de rire quand je l'ai entendu la première fois, mais j'hésitais à pleurer. Comment peut-on consciemment enregistrer un TRUC pareil ?!!!!!! Comment ?!!!! Musique de beauf qui se veut dance-électro, rappeur pour la cool attitude, et Cheryl qui parle et qui rappe parce qu'attention, c'est pour bouger et être dans la vibe. Je ne sais même plus si c'est censé être américanisé. Et oui, je sais bien que tous les goûts sont la nature, je suis la première à le défendre, mais exception ici : j'ai quand même envie de dire que c'est mauvais. Mettez ce truc à la poubelle vite fait, ça sera toujours de la place pour une autre chanson !

Si Let's Get Down ne vous a pas tué, alors vous allez être récompensé par la sublime Happy Tears. Quoi ??? Oui, je sais, je suis faible. Mais je l'adoooooooore ! Cette ballade est magnifique ! Oui, je sais bien : les paroles sont larmoyantes et surfent tout à fait subtilement sur le divorce de Cheryl... Mais la musique est jolie comme tout. Le rythme lent est très marqué, un petit xylophone à la Hummingbird renforce la mélodie qui s'envole et s'envole sur les refrains. Ça me fait un peu penser à un ciel bleu, une belle île tropicale, un grand vent d'air frais et de l'optimisme. Vous l'aurez compris, c'est la petite perle de l'album. On termine sur Waiting, qui n'est rien d'autre qu'un massacre de A Thousand Miles de Vanessa Carlton. La jolie mélodie au piano de Vanessa vient donc se greffer sur une musique dance bourrin pour tenter de faire ce que le piano et le xylophone ont fait avec brio jusqu'à présent. Mais sur cette musique digne des plus grands stéréotypes de remix, ça ne sert à rien. On a véritablement l'impression d'écouter un anecdotique remix d'une chanson quelconque. La mélodie n'est pas désagréable en soi (sans être géniale), mais de toute façon, l'instrumentation a vite fait d'achever tout le potentiel éventuel du titre.



Conclusion : Si je résumé, on a le mauvais (Live Tonight, Amnesia, Everyone, Let's Get Down et Waiting) et le bon (The Flood, Raindrops, Hummingbird, Better To Lie et Happy Tears). Et pour jouer aux chaises musicales, il reste Promise This et Yeah Yeah, qui ne sont, certes, pas terribles, mais qui ne méritent pas d'être classées avec Let's Get Down pour autant. L'idée principale étant de toute manière qu'il y a une moitié à oublier, ou une moitié à garder si vous voulez voir les choses du bon côté. Mais si pour le prochain, Cheryl pouvait avoir la décence de :
- arrêter d'accepter de chanter sur des musiques de démos
- arrêter d'aller chanter dans les aigus et autres hauteurs pour se la jouer chanteuse de X-Factor
- choisir un meilleur single leader
- ne pas gâcher sa beauté avec une jaquette aussi hideuse... (et un livret aussi raté)
- garder le xylophone de Hummingbird et Happy Tears, ou le piano pour rendre les chansons plus mélodieuses
- continuer de chanter des ballades pop mielleuses comme The Flood et Happy Tears ! (et Raindrops, mais en BEAUCOUP moins aigu de préférence)
Comme l'année dernière, les meilleurs titres sont là où on ne les attend pas : les ballades (alors qu'a priori, avec sa voix, ce n'est pas son domaine de prédilection) et les chansons très joyeuses (Hummingbird)

Note globale : 5/10




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