Critique publiée en juin 2012

RIEN DE MEMORABLE

S'il était sûr que grâce à son immense popularité, Cheryl Cole allait se lancer en solo pendant la pause des Girls Aloud, il était aussi certain que Nadine allait aussi tenter sa chance, tout simplement grâce à sa voix. Quelque part, ce n'était pas sans rappeler les lancements solo de Rachel Stevens puis de Jo O'Meara après la séparation du groupe S Club 7. Bien sûr, le contexte est différent. Mais l'image des quatre chanteuses peut faire penser à une construction en parallèle. La première à enregistrer un album est la plus populaire auprès du public, et la seconde est celle qui est appelée "la voix du groupe". Malheureusement pour Nadine, son album a eu le même effet que celui de Jo. C'est-à-dire "aucun" ! Est-ce une question d'image, de musique ou simplement de manque de chance ?



Premièrement, ce que l'on ne pourra sans doute pas retirer à Nadine, c'est donc bien d'avoir une voix très agréable. Elle se révèle à l'aise sur un éventail honorable de notes, et on la sait déjà capable de dégager un minimum vital de puissance, à l'image de son single Insatiable. Néanmoins, je tiens à nuancer les éloges qui peuvent lui être faits : certes, elle chante très bien ; mais de là à la transformer en vocaliste exceptionnelle, il y a un gouffre que je ne franchirai pas. Et puis, il faut avouer que chaque membre des Girls Aloud pris individuellement ne peut pas se vanter d'avoir une grande voix. Aussi, Nadine n'en ressort que meilleure par rapport aux autres. En réalité, il m'est d'avis que seule Nicola est capable de lui faire un peu d'ombre (sauf qu'on ne lui en donne jamais l'occasion...). C'est pour cette raison que les groupes fonctionnent d'une certaine façon, mais l'effet est bien différent une fois la dynamique brisée. Ainsi, le solo de Nadine atteind assez vite ses limites. Prenez la piste Sexy Love Affair qu'elle a voulue aiguë de bout en bout. Et bien, elle est obligée de la chanter à bout de souffle, puisqu'elle aurait été incapable de l'interpréter en voix pleine. Tout cela pour dire que je pense qu'en solo, Nadine n'a pas le même impact que dans le groupe. Evidemment, elle chante bien et ne nous laisse aucun canard sur la galette (coucou Cheryl !). Mais il s'agit de ne pas trop la surestimer.

Deuxièmement, il y a un gros point positif à son album. Si on le compare à Messy Little Raindrops de sa collègue Cheryl, sorti en même temps, on constate rapidement que les instruments sont bien plus authentiques et variés. Autrement dit, Nadine a le très grand mérite de ne pas nous servir des titres qui ont l'air de démos non achevées. De plus, ses musiques ne semblent pas toutes sorties en 3 minutes d'un ordinateur ou d'un synthétiseur. Et mine de rien, c'est un effort considérable, et c'est tout à l'honneur de notre "diva-esque" Nadine. Reste qu'il faut encore une fois nuancer cette impression positive. Les chansons ont un côté très "début des années 2000", comme bien souvent souligné sur la toile. Question modernité et efficacité, il faudra donc repasser pour quasiment tous les morceaux. Cela n'est pas forcément toujours synonyme de raté, mais il faut avouer que l'album bat franchement de l'aile dans sa laborieuse deuxième moitié.

En effet, Insatiable souffre du même problème de déséquilibre que le Messy Little Raindrops de miss Cole. Comprenez qu'il y a une (relativement) bonne moitié, et une deuxième beaucoup plus dispensable. Chez Nadine, c'est le début de la galette qui s'en tire plutôt bien. Il s'agit de pistes essentiellement dynamiques, ou en tout cas de mid-tempos. Ainsi, Runnin', forte de ses percussions, est une très bonne ouverture ; Put Your Hands Up délivre un refrain entêtant et effiace à défaut d'être novatrice ; le mid-tempo tristounet Chained est suffisamment touchant pour qu'on lui accorde une écoute entière ; la rétrospective et puissante Insatiable était un meilleur single que ce que son classement peut laisser penser ; enfin, Lullaby est assez charmante grâce à son refrain enjoué et contagieux. En revanche, Nadine se plante en beauté avec toutes les ballades qu'elle tente, (voir la deuxième partie de l'opus). Elle a beau essayer la guitare sèche, le murmure, la batterie à la Leona Lewis, les envolées vocales, le piano ou les violons, quand ça ne prend pas, ça ne prend pas. Le plus ironique dans cette histoire, c'est qu'elle pensait peut-être bien réussir un combo-kleenex avec ses interprétations de diva, alors qu'elle ne fait qu'endormir le pauvre auditeur. Néanmoins, il serait faux de dire que ses ballades sont vraiment horribles à écouter ...tout comme il serait faux d'affirmer que ses sympathiques up-tempos sont des incontournables : la boucle est bouclée.



Conclusion : Insatiable est curieusement plus réussi en ce qui concerne les mid-tempos et les up-tempos, là où on aurait pu attendre Nadine du côté des ballades. C'est le paradoxe qui a d'ailleurs eu lieu dans le sens inverse sur l'album de Cheryl. De plus, pour quelqu'un qui avait assuré avoir eu la démarche la plus artistique possible contrairement à sa collègue manufacturée, Nadine nous a concocté un album complètement impersonnel. Malgré une poignée de titres sympathiques, Insatiable n'a aucune portée sur le long terme, les chansons s'écoutant aussi facilement qu'elles s'oublient. Au moins, on trouvait un ou deux tubes chez Cheryl... Enfin, je ne suis pas sûre qu'avoir une image de diva qui fait les gros yeux toutes les 10 secondes aide à rendre la chanteuse sympathique auprès des gens. Et malheureusement pour Nadine, il ne suffit pas de se reposer sur sa voix pour faire des miracles.

Note : 3/10

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