Critique publiée en août 2012

ONLY SEVEN, OU LE SYMPATHIQUE IMPOSTEUR

Depuis 2005, BoA s'est faite très discrète dans son pays d'origine. Il faut dire qu'elle avait mené deux carrières en même temps entre 2001 et 2005. Par conséquent, sa fatigue l'a poussée à choisir de privilégier le Japon à la Corée du Sud. Question de rentabilité évidente... Seulement, elle est entrée dans une spirale infernale très peu de temps après, entre la fonte de son public nippon, un manque d'inspiration et surtout un énorme manque de motivation. Elle est revenue en Corée pour fêter ses 10 ans de carrière en 2010, avec un album plutôt bien produit, mais visiblement rempli avec quelques restes de sa tentative américaine. C'est pourquoi il me semble que le vrai retour de BoA s'effectue cette année, avec son septième opus, intitulé Only One... D'ailleurs, la chanteuse semble enfin plus enthousiasmée par ce qu'elle fait. C'est vraiment sympa d'avoir abandonné le mode "pilotage automatique" ! Mais... pourquoi seulement SEPT chansons ?!!!



C'est bien de faire un retour avec autant de motivation et d'investissement : BoA a demandé à être plus naturelle et plus simple, aussi bien concernant les tenues que le maquillage (bien que dans mes souvenirs, elle ait très rarement été tartinée comme un pot de peinture...). Elle a souhaité qu'on entende sa voix le plus possible. Comprenez par là que beaucoup de nouvelles chansons sont plutôt modestes "instrumentalement" parlant. Et, contrairement à de nombreuses productions actuelles, le vocoder est invité à aller voir ailleurs s'il y est. En fait, c'est vraiment cool tout ça BoA ! Aussi je redemande : "Pourquoi seulement SEPT chansons ?!!!". Il y avait de quoi fournir une petite dizaine de chansons, non ? Après tout, on ne peut pas dire que les morceaux figurant sur Only One se ressemblent les uns les autres. Voici donc dans toute sa splendeur le premier problème. Only One n'est en aucun cas un album ! Vous allez me dire "pas de quoi en faire tout un plat". Et bah si ! Elle n'avait qu'à appeler un chat un chat, ou plutôt un mini album un mini album ! Ça évite des déceptions face à la tracklist et à la durée totale, vainement regonflées par l'ajout de deux instrumentales. Geeeeenre ! Genre "mais il y a 9 chansons sur mon ALBUM". A d'autres ! La durée des 9 pistes ne fait que 30 minutes, et si on enlève les deux instrumentales, on arrive en réalité à 23 minutes... En plus, Only One est vendu au prix d'un album (coréen, certes, donc pas trop cher par rapport à ce que nous autres Français pouvont voir, mais quand même !). Bref, partons donc sur des bases clairement établies : Only One est un mini album. On peut maintenant se poser la question qui tue : est-il bon ?

Forcément, il l'est un minimum. Sinon, je n'aurais pas intitulé ma petite critique "le sympathique imposteur". Si BoA nous a habitués à exceller sur les up-tempos plutôt que sur d'autres genres de morceaux, ici, on verse beaucoup dans les mid-tempos à l'image du premier extrait, Only One. Je n'aurais jamais imaginé qu'un comeback de miss Kwon puisse se faire sur autre chose qu'une piste énergique bien dansante. Et pourtant, avec sa guitare sèche et son piano tout doux, Only One fait surtout place à des couplets posés et des refrains aigus et berçants. D'ailleurs, je suppose que les amateurs de musique asiatique seront d'accord pour établir une analogie entre cette chanson et Stay Gold d'Hikaru Utada. Pour information, Stay Gold était une très jolie presque-ballade à la mélodie triste (si ce n'est pas déprimante). Les quelques notes distillées au piano sont frappantes tellement on croirait avoir affaire à la petite soeur de la dite chanson japonaise. Chez moi, c'est une comparaison extrêmement flatteuse, même si Only One n'égale pas son aînée. Le nouveau titre de BoA est donc déroutant de douceur, mais au bout de quelques écoutes, il se revèle tout à fait charmant. Je ne suis pas sûre de son effet sur le long terme, la discographie de la chanteuse étant très longue, mais dans ce (mini...) album, il fait mouche. Qu'en est-il du reste ? Et bien, on a un peu de tout : deux titres pop (The Shadow, The Top), deux ballades classiques (Hope, Mayday! Mayday!), un morceau synthétique pour danser (Not Over U), et un mid-tempo américanisé (One Dream). Cependant, la qualité est assez irrégulière.

Personnellement, je vous conseille fortement The Shadow et The Top. La première est assez hypnotique avec son rythme binaire bien marqué et sa mélodie qui s'intensifie jusqu'à un refrain débité de manière quasiment robotique. C'est très structuré et "carré", mais cela fonctionne toujours plus à chaque écoute. Là encore, je ne suis pas sûre de sa mémorabilité sur le long terme, mais c'est un parti pris gagnant sur Only One. La seconde est une sorte de mid-tempo entraînant et déjanté. C'est enjoué et entêtant. Si vous connaissez Jolin Tsai, c'est dans le même genre insouciant et délirant que son excellent Butterflies In My Stomach. De plus, ce n'est pas souvent que BoA nous sert ce genre de plat, alors je n'ai pas fait la fine bouche ! Mention spéciale au middle eight totalement parlé ! Pour continuer dans ce qui est réussi, le mid-tempo américanisé One Dream a beau être totalement convenu, surtout avec ses rappeurs en featuring, il est largement sauvé par ses refrains doux et optimistes. Ils sont prenants et suffisent à rendre le titre plaisant, surtout pour clôtuer le (mini...) album. Je tiens à signaler que la voix de la chanteuse est absolument sublime lors de la fin des refrains. Finalement, il est dommage que One Dream ne dure que 2 minutes 30... Ils auraient pu nous concocter un petit middle eight (surtout que cette chanson était déjà connue avant la sortie de l'album). Enfin, je vais terminer les réjouissances avec ma petite chouchoutte : Hope. Il est extrêmement rare que je craque pour une ballade de BoA, et encore plus lorsqu'il s'agit d'une de ses ballades coréennes. Pourtant, je ne peux m'incliner devant Hope qui est une perle du début à la fin, en dépit de son instrumentation piano-batterie-synthé extrêmement banale. Les couplets démarrent presque uniquement au piano pour laisser la musique se charger à l'approche des refrains. Ces derniers sont puissants, intenses et délivrés avec conviction. L'interprétation de BoA est absolument magistrale, particulièrement à la fin du titre, qui me donnerait presque des frissons (franchement, je n'ose même pas croire que j'écris ceci à propos d'une ballade coréenne de la demoiselle !).

Malheureusement, si Hope est un passage obligé, je vous recommande tout aussi fortement de rester éloignés de Mayday! Mayday!. C'est comme si BoA avait voulu prouver qu'elle était capable de faire une bouse avec les mêmes ingrédients que ceux de Hope. Remplacez le piano par une guitare sèche, et ajouter une grosse dose de violons dégoulinants et vous obtenez une ballade extrêmement niaise et agaçante. Les refrains traînent beaucoup trop à mon goût, alors que les couplets ne partaient pas forcément d'une mauvaise intention. Mais il y a trop d'effets de choeurs, d'ad-libs, ou de renforcement des violons. C'est comme s'ils avaient décidé d'en faire des tonnes pour que cela devienne une grande ballade. Bah c'est raté les gars. J'en viendrais presque à trouver la voix de BoA désagréable sur certaines notes. Merci, au revoir ! On termine ce grand moment avec Not Over U, une piste que je n'arrive pas à digérer (désolée Jossounet, je sais que tu l'adores... :P ). C'est une chanson banale, qui commence doucement pour se lancer dans des refrains éngergiques délivrés sans presque aucun soutien instrumental à l'exception du tempo. En d'autres termes, c'est le stéréotype de ce qui s'est fait sur d'innombrables morceaux dance ces derniers mois. Cela ne passe pas du tout chez moi. Je trouve les refrains totalement casse-tête tellement BoA doit chanter haut. Encore une fois, merci et au revoir.



Conclusion : Si on fait un peu de maths, je suis très satisfaite de cinq chansons sur sept (les deux recalées me sont vraiment insupportables). Ce sont d'excellentes statistiques. Mais je n'arrive pas à avaler la pilule du septième album avec si peu de chansons. Que s'est-il passé ?! Only One aurait dû être un album complet, surtout que la formule donne des chansons de très bonne facture et bien distinctes les uns des autres. Ou il aurait simplement dû être présenté sous son vrai visage (mini-album, sixième édition). Je ne peux pas ne pas lui accorder la moyenne, puisque je l'aime vraiment bien, voire beaucoup. Mais je ne peux pas lui accorder une note mirobolante non plus tant il est court. Il est tellement bref que le comparer avec les anciens albums de l'artiste me paraît difficile. Ceux-ci contenaient le double de chansons (certes, pas forcément aussi solides, mais...). Si BoA pouvait éviter de tels moments de "flottements" à l'avenir, je ne serais pas contre. Mais il est vrai que je peux désormais affirmer préférer sa carrière coréenne à sa carrière japonaise (dont les derniers opus ne m'ont absolument pas convaincue). Je croise les doigts pour un nouvel album coréen (complet...) en 2013 !

PS : Filez écouter Hope !!!

Note : 7/10

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