Source: JAPAN TIMES - http://search.japantimes.co.jp/cgi-bin/fm20091120a1.html
Auteur de l'article: Robert Michael Poole
Traduction française: Cara @ alan-land

Du Tibet à Tokyo : alan prend son envol

"Tout d'abord, je suis tibétaine, à 100%" déclare la chanteuse Alan Dawa Zhuoma, généralement plus connue sous le nom de scène alan. "Je me souviendrai toujours des nombreux enseignants et amis chinois qui m'ont apporté la connaissance, et m'ont encouragée quand j'étudiais à Chengdu et Beijing, mais où que j'aille, je suis tibétaine et je ne l'oublierai jamais."

Alors qu'elle se prépare à la sortie de son nouvel album, my life, ce mois-ci, alan, âgée de 22 ans, déclare qu'elle s'est découverte après avoir vécu deux ans à Tokyo.

"Il y avait beaucoup de ballades sur mon premier album (Voice of EARTH sorti en mars dernier)" dit-elle. "Mais ces nouvelles chansons reflètent ma vie - elles viennent à 50% d'expériences personnelles et à 50% de mon imagination."

Ses racines tibétaines ont été accentuées par son utilisation du "cri tibétain" - une envolée vocale très haute et aiguë. alan se concentre sur la diffusion de la culture tibétaine à travers la musique, plutôt qu'à travers des discussions politiques.

"J'ai toujours chanté des chansons sur l'amour et la paix, parce qu'avoir des amis, peu importe son origine ethnique, rend toujours les gens heureux" explique-t-elle. "J'aimerais ne pas m'impliquer dans les autres questions concernant le Tibet. Nous vivons tous sur une même Terre comme une grande famille."

La non implication politique de la chanteuse n'a pas l'air de déranger ses fans japonais. Son neuvième single japonais, Kuon no Kawa (La rivière de l'éternité), s'est classé troisième en avril 2009. C'est la plus haute place jamais atteinte par un artiste chinois au Japon.

Née à Kangding, dans la préfecture autonome tibétaine de Sechuan, une région où sa famille d'ethnicité Khampa a temporairement vécu et travaillé, alan a grandi à Danba, la ville ancestrale de sa famille, et parlait sa langue maternelle, le Kham Ke.

"J'ai une famille tellement nombreuse" dit-elle. "Mon père a 10 frères et soeurs, mais deux d'entre eux sont morts à cause des difficultés de la vie là-bas. Et ma mère a 8 frères et soeurs, mais l'un d'eux est mort aussi. Quand je suis rentrée à la maison pour le Nouvel An, j'ai encore rencontré des membres de ma famille pour la première fois !"

La culture tibétaine n'utilise traditionnellement pas de noms de famille. Les nouveaux nés se voient attribués leur nom par un lama, ou un enseignant bouddhiste.

"C'est une coutume pour porter chance" explique-t-elle. "Un moine bouddhiste vertueux a choisi Dawa Zhuoma, ce qui veut dire 'une fille divine de la lune'. Je suis la lune, et mon frère est le soleil."

Plus tard, alan a décidé qu'avoir un nom de famille serait utile, mais son nom complet était trop long. "J'ai combiné le nom de mon père et celui de ma mère, et ça a donné Atu-Lantai, mais Atu-Lantai Dawa Zhuoma était trop long pour le passeport, alors je l'ai simplifié" raconte-t-elle. "Je les ai assemblés et j'en ai fait un prénom: A-lan. C'est très rare et spécial, je pense."

Elle a été initiée à la musique pour la première fois quand sa mère l'avait punie à cause de son comportement de garçon manqué lorsqu'elle était enfant. Ses parents lui ont fait apprendre l'erhu (un violon chinois traditionnel à deux cordes) pour essayer de lui apprendre à bien se comporter.

Sa tante vivait à Chengdu, la capitale de Sechuan, et la mère d'alan a arrêté de travailler pour emménager avec elle là-bas, afin de suivre la progression de sa fille au conservatoire de musique de Sechuan. alan est ensuite entrée à l'Académie d'Art de Beijing, mais cette fois, sa famille ne pouvait plus rester avec elle.

"C'est très dangereux pour une jeune fille de vivre à Beijing toute seule, et mes parents s'inquiétaient vraiment beaucoup. Ils ont été heureux d'apprendre que l'école appartenait à la PLA (People's Liberation Army), et c'était tellement strict qu'on ne pouvait généralement pas sortir s'amuser du tout !"

Vivant dans un dortoir, alan a découvert la musique pop de Hong Kong, comme Faye Wong et ceux qu'on appelle les Quatre Rois Divins : Andy Lau, Leon Lai, Aaron Kwok et Jacky Cheung. Dans le cadre de ses études, elle a pu enregistrer sa voix pour la première fois, même si elle n'avait aucune expérience dans le chant. (Ce qui changea plus tard lors de son entrée à l'université).

"J'ai enregistré 13 chansons, et j'ai pu gagner de l'argent pour réduire la charge financière de mes parents" dit-elle. "Mais je ne les trouve pas si bien que ça quand j'écoute le CD maintenant."

Avec plus d'entraînement, alan a rapidement développé ses talents pour le cri tibétain. Elle a excellé lors des auditions peu après.

"Je ne l'ai pas appris, c'était quelque chose d'instinctif pour moi" raconte-t-elle. "Comme les gens d'Okinawa ont leurs chansons folkloriques, ou comme les Mongoliens ont cette voix profonde et grave, chaque tribu a une façon particulière de chanter, et ce sont les seules à pouvoir le faire naturellement."

alan a vraiment percé quand une audition pour le label japonais Avex s'est tenue en Chine en 2006. Des milliers de personnes ont auditionné. Avex a demandé à alan d'emménager à Tokyo, ce pour quoi elle était initialement hésitante.

"Je n'en avais pas envie, mais maintenant je pense que j'ai eu de la chance de venir au Japon, parce que c'est une industrie florissante et mondialement connue, et je suis contente d'être là."

Les différences culturelles ont immédiatement eu un impact sur alan quand elle est arrivée à Tokyo à l'âge de 20 ans, en septembre 2007. "J'étais perplexe quand des Japonais, comme les cadres d'Avex me parlaient et portaient des jeans abîmés et des baskets. C'est tellement différent de la Chine. A l'université, tous les professeurs portaient des uniformes militaires, et ils étaient très stricts, alors l'atmosphère était tendue."

La charge de travail de la chanteuse a énormément augmenté. Mais les longues heures ont peut-être influencé sa musique.

"Au Japon, je travaille toute la journée sans m'arrêter, alors quand je retourne dans le silence de mon appartement, complètement épuisée, je me sens vraiment très seule" dit-elle. "J'ai écrit/composé la moitié des chansons pour l'album quand je n'avais pas le moral, à deux ou trois heures du matin."

Son emploi du temps bien rempli vient du fait qu'Avex espère la rendre de plus en plus populaire, simultanément sur les marchés japonais et chinois.

En seulement deux ans, alan a appris le Japonais, quelque chose qu'elle explique par le fait d'être dynamique et de toujours avoir un cahier de japonais sur elle. Elle pourra mettre ses capacités à l'épreuve en janvier, lorsqu'elle donnera sa première série de concerts. Elle chantera en japonais et en tibétain.

Traduction française: Cara @ alan-land

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