TOUJOURS DANS L'OMBRE
D'ASHITA E NO SANKA...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Voice of EARTH
a impatienté les fans. Dès son premier single en novembre
2007, certains étaient curieux d'entendre ce que pourrait
donner un album d'alan. Puis à la suite des cinq singles en
cinq mois, tout le monde pensait le voir enfin arriver,
mais il a été repoussé à plusieurs reprises pour finalement
voir le jour en mars 2009. L'album a soulevé un certain
nombre de craintes étant donné que certains singles se sont
révélés être assez quelconques, mais il semble avoir
finalement été plutôt bien accueilli par les fans. C'est
l'heure de faire le point sur un album bien rempli : 8
singles, 6 inédites, une interlude, et 50 minutes de vidéo
sur le DVD (et puis aucune B-side !).
Commençons par les singles. Ils se divisent en deux parties
: on a les bons et les passables. Les passables sont ceux
qui ne sont pas désagréables à l'oreille mais qui n'ont
aucune personnalité. Ce sont des morceaux qui auraient pu
être chantés par n'importe qui, et qui auraient mérité
d'être un peu plus travaillés. On peut y mettre
Hitotsu, une ballade J-pop commerciale
classique, qui essaie vainement de se démarquer avec son
espèce de cornemuse et ses longs "iiiiiii" aigus lors des
refrains. Ça ne l'empêche de devenir trop vite lassante. Le
copié-collé pseudo-rock d'Ayumi Hamasaki, Kaze no
Tegami, se range dans la même catégorie. Le
morceau n'est pas désagréable pour un sous, la voix d'alan
y est même très jolie, mais la chanson manque d'âme et
ressemble à un fond de tiroir qu'Ayumi aurait rejeté il y 3
ans. On a aussi la sympathique ballade Megumi no
Ame, qui se laisse écouter sans réellement
transporter l'auditeur : encore une ballade pop typique qui
aurait pu être chantée par n'importe qui d'autre. A la
limite entre le passable et le bon, on retrouve
Sora Uta, qui avait le potentiel pour se
distinguer du lot : mid-tempo aux sonorités indiennes
agrémenté de quelques sons plus électroniques, il ne
décolle malheureusement jamais à cause d'une musique qui ne
semble pas terminée, d'une mélodie passe-partout digne de
BoA, et d'un chant sans délicatesse qui a l'air bâclé (ce
qui est une honte quand on sait ce dont alan est capable !)
Heureusement, on a aussi les bons singles comme la jolie
ballade Natsukashii mirai -longing
future-. Elle est loin de faire l'unanimité chez
les fans, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle a un semblant
de personnalité. On retrouve des sonorités traditionnelles,
un chant appliqué et des notes sur-aiguës qui raviront les
fans. La différence avec des ballades comme Hitotsu et
Megumi no Ame, c'est que Natsukashii mirai
semble plus enjouée et optimiste. Ce qui n'est pas plus
mal. Au moins, elle ne ressemble pas à n'importe quelle
ballade. Dans les bons singles, on a aussi la chanson
pop-folk Gunjô no Tani, écrite et composée
par Cocco. La musique y est beaucoup moins synthétisée que
dans les autres morceaux de l'album, et la guitare et la
batterie dominent. alan laisse aller sa voix, ce qui peut
surprendre (désagréablement) au début, mais c'est ce qui
donne tout son charme au morceau. Comment ne pas citer la
grande ballade épique qu'est RED CLIFF -Kokoro .
Ikusa-. Dès qu'on l'écoute, on perçoit tout de
suite son statut de thème de film. La voix d'alan y est
parfaite, et on a même droit à un long cri aigu à la fin.
Son défaut est peut-être que l'intensité des refrains se
fait trop discrète par rapport aux couplets et à
l'introduction/conclusion très calme et sombre de la
chanson. Enfin, on a ce qui est certainement la meilleure
chanson de l'album : le premier single d'alan,
Ashita e no Sanka. C'est ce qui a
immédiatement séduit les fans, et aussi ce qui a fait que
certains ont abandonné alan par la suite, trop déçus, par
son passage par les sentiers communs comme Kaze no Tegami.
Cette ballade est ce qu'alan nous fait de mieux : une
musique synthétique et une structure commerciale pour
l'efficacité, et des sonorités et surtout un chant très
traditionnel pour l'originalité.
Passons à présent aux bonnes inédites, en commençant par
l'interlude qui sert d'ouverture à l'album. La piste
reprend exactement les mêmes ingrédients qu'Ashita e no
Sanka, qu'elle précède dans la tracklist. Le résultat est
donc solide. D'ailleurs, la musique semble même plus
travaillée que sur celle du premier single d'alan, mais
Tennyo est d'abord instrumentale après
tout. Les fans seront ravis de retrouver de longs cris
sur-aigus au début du morceau, et pour être honnête, ces
cris ont presque l'air agressif à premier abord... On a
ensuite BRAVE, qui se révèle plutôt
efficace puisqu'elle ré-utilise la même recette que celle
d'Ashita e no Sanka, sauf qu'elle se range dans les pistes
dynamiques (ce qui est assez rare chez alan). On a donc une
bonne dose de sonorités qui donnent envie d'évasion (mais
plus du côté du Moyen Orient que de l'Orient pour cette
piste). Et alan joue avec sa voix à plusieurs reprises.
Néanmoins, la chanson n'en reste pas moins commerciale, et
elle a moins d'impact qu'Ashita e no Sanka. On a ensuite
une toute nouvelle ballade, Yume no
Garden, une piste assez chargée qui est
certainement la meilleure inédite de l'album. Il n'y a
pourtant aucune sonorité traditionnelle là-dedans. C'est
juste une ballade prenante qui fait bien son travail. Dans
le genre traditionnel cher aux fans, on a Tsuki ga
Watashi, une ballade calme, sans grande
démonstration vocale, mais néanmoins très jolie. Reste
Together, une sorte de ballade extrêmement
calme. Son instrumentation est très discrète, mais
finalement assez intéressante, car beaucoup moins
synthétique que celle des autres pistes. On sent bien qu'il
lui manque quelque chose pour décoller, ne serait-ce qu'au
point de vue du refrain qui ne se démarque pas du reste de
la chanson, mais on sent aussi qu'il y a du potentiel pour
la suite (c'est alan qui s'est essayé à la composition !).
Malheureusement, on a aussi droit aux inédites plates.
My friend se veut plus intimiste avec sa
guitare sèche mais elle n'est qu'une ballade J-pop aussi
commerciale que les autres. Dans le genre stéréotype des
ballades J-pop commerciales, on a aussi l'horripilante
Liberty qui est une caricature à elle
toute seule. Ces deux chansons là sont vraiment
inintéressantes et ne méritent même pas une écoute
complète. C'est le genre de chose qu'on voudrait bien voir
alan éviter, puisqu'elle tombe dans le piège dès qu'elle
sort une B-side, mais il est vrai que quand on a avex comme
maison de disque, c'est difficile d'échapper à ce genre de
chansons indigestes. Espérons que la prochaine fois, on n'y
ait pas le droit dans l'album, parce qu'alan vaut bien
mieux que ça.
Voice of EARTH n'est pas l'album de l'année, et
connaissant le potentiel d'alan, on aurait sûrement pu
avoir bien mieux que ça. Une moitié de l'album, sans
forcément être horrible, n'est qu'une parfaite illustration
de ce qu'avex sait produire à la pelle : des chansons
commerciales sans personnalité, interchangeables entre la
plupart de ses artistes. Heureusement, les inédites se
révèlent dans l'ensemble beaucoup plus solides que ce que
les B-sides et certaines A-sides laissaient redouter.
Evidemment, on n'atteint pas non plus le top niveau d'alan.
Le fait est là : à la sortie de cet album, sa meilleure
chanson reste encore et toujours loin devant les autres
Ashita e no Sanka. Mais l'album est plutôt bien arrangé, et
des pistes comme Natsukashii mirai, Gunjô no Tani, RED
CLIFF et Yume no Garden suffisent à le rendre intéressant.
alan peut mieux faire, sans doute, mais elle s'en sort
mieux que prévu, même plutôt bien pour un premier essai. A
noter un DVD bien rempli avec des clips plutôt agréables à
l'oeil dans l'ensemble.
Note globale : 14/20
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